Comme tout le monde, vous connaissez surement quelques prodiges de la musique dont l’œuvre a traversé l’histoire. Beethoven et Mozart en font sans doute partie, pour avoir influencé la musique occidentale. Mais, comme dans beaucoup de domaines, les noms qui priment dans l’Histoire sont ceux des hommes et peu d’entre nous seraient capables de citer le nom d’un prodige féminin, il n’existe d’ailleurs pas d’équivalent féminin pour ce terme qui ne s’accorde qu’au masculin ! C’est pourquoi nous avons décidé de mettre à l’honneur dix musiciennes, pleines de talent dès leur plus jeune âge, dont l’œuvre aurait mérité davantage de visibilité. Découvrez vite ces dix virtuoses en lisant cet article !
IDA HAENDEL, violoniste polonaise
Née en 1928 en Pologne, Ida découvre le violon à l’âge de trois ans en empruntant celui de sa grande sœur qui avait six ans de plus qu’elle. Ida reproduit alors à l’oreille des morceaux que sa mère lui chantait, ce qui stupéfait toute la famille et même des voisins qui viennent l’admirer. Elle reçoit ensuite des cours de musique auprès du Conservatoire de Varsovie qui accepte de lui donner des cours de violon bénévolement. A quatre ans, elle remporte le premier prix du Concours national des jeunes talents à Varsovie, lors duquel elle interprète le Concerto pour violon en ré majeur de Beethoven.
Elle étudie ensuite avec Carl Flesch, un professeur de violon et compositeur hongrois, en vue de participer en 1935 au Concours international de violon Henryk-Wieniawski à Varsovie. Elle y obtient la septième place alors âgée de sept ans et reste à ce jour la plus jeune lauréate du concours. Plus tard, à deux reprises elle tiendra le rôle de juré pour ce même concours, en 1986 et en 2006. Après ce concours, son professeur particulier de violon découvre qu’elle ne sait pas lire les notes et reproduit depuis des années chaque mélodie uniquement à l’oreille.
A l’âge adulte, Ida devint elle-même professeur de violon pour des élèves qui furent eux-mêmes de grands musiciens comme David Garett, gagnant en 2008 du record du monde du morceau de violon joué le plus rapidement possible.
Décédée dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2020, Ida a eu l’une des plus longues carrières de l’histoire, elle est considérée comme l’une des plus grandes violonistes du XXème siècle.
ANNE-SOPHIE MUTTER, violoniste allemande
Anne-Sophie Mutter est une violoniste allemande née en 1963. A cinq ans, elle commence le piano et peu de temps après elle découvre l’instrument de musique qui accompagnera son talent : le violon. A l’âge de sept ans, elle gagne le concours de la jeunesse musicale en remportant un prix d’excellence. Remarquée par le chef d’orchestre autrichien Herbert von Karajan à treize ans, elle joue pour l’Orchestre philarmonique de Berlin. Un an plus tard, elle y interprète en soliste le concerto pour violon en sol majeur de Mozart. Alors qu’elle a quinze ans, le premier enregistrement qu’elle réalise avec l’Orchestre philarmonique de Berlin remporte le grand prix international du disque. En 1979, Anne-Sophie est nommée artiste de l’année. Anne-Sophie Mutter s’est produite en concert dans tous les endroits les plus prestigieux du monde entier.
En 2021, lors d’une interview avec un grand quotidien espagnol, elle confie avoir de la rancœur envers les médias qui selon elle passent trop de temps à commenter l’apparence et les tenues des musiciennes plutôt que leur talent et prestations. De même, elle s’élève contre l’élitisme dans le milieu de la musique classique et considère au contraire que cette dernière devrait être « un câlin qui inclut tout le monde ». Pour aller au bout de ses convictions, elle propose de donner des récitals dans des lieux moins réputés que les salles de concerts comme des discothèques. Impliquée dans le bénévolat, elle fonde la fondation Anne-Sophie Muller en 2008 pour apporter son soutien à de jeunes musiciens et musiciennes talentueuses qui veulent faire carrière dans la musique.
GINETTE NEVEU, violoniste française
Considérée comme une légende du violon, Ginette Neveu est morte à trente ans dans le crash d’un avion, accident qui fit les gros titres car il transportait le grand amour d’Edith Piaf et d’autres personnes célèbres comme Ginette. Sa disparition tragique a sans doute scellé sa réputation de violoniste extrêmement talentueuse, tout comme le déroulement de sa carrière courte mais intense. Née en France en 1919, d’une mère professeure de violon, elle apprend très tôt à maitriser cet instrument grâce aux cours de musique dispensés par sa mère. Elle joue à son premier récital à l’âge de cinq ans et demi. Dès huit ans, Ginette interprète son premier concerto en sol mineur à Paris.
En 1928, elle remporte le premier prix de l’Ecole supérieure de musique de Paris et la ville lui décerne le prix d’honneur de la ville. Elle rentre ensuite au conservatoire à l’âge de onze ans et obtient un peu moins d’un an après le premier prix de violon. En 1935, à seize ans, elle remporte le premier prix du Concours International d’Henryk-Wieniawski de Varsovie.
Quelques années plus tard, alors que la guerre éclate, elle refuse des propositions en Allemagne et préfère jouer avec son frère, pianiste de talent, qui sera son partenaire officiel et avec qui elle enregistre la Sonate pour violon et piano de Debussy. A la fin de la guerre, elle est sollicitée par de prestigieux chefs d’orchestre qui rêvent de ses talents de soliste. En octobre 1949, alors qu’elle fêtait ses trente ans quelques mois auparavant et s’apprêtait à poursuivre sa carrière florissante aux Etats-Unis, elle meurt en laissant derrière elle de nombreux fans de son talent.
FANNY MENDELSSOHN, compositrice et pianiste allemande
Compositrice et pianiste allemande née en 1805, Fanny est une des rares femmes compositrices connues du XIXème siècle. Très jeune, Fanny se découvre un talent manifeste pour la musique. C’est auprès des meilleurs professeurs de musique que Fanny prend des cours de piano et apprend à composer. Elle s’avère très douée pour interpréter des morceaux difficiles et écrit ses premiers morceaux à l’âge de 14 ans. Son petit frère Felix, extrêmement doué également se verra proposer une carrière dans la musique tandis que cette chance sera refusée à Fanny sous prétexte qu’elle est une femme. Son père lui dit d’ailleurs dans une lettre que « La musique sera peut-être pour Felix une profession mais pour toi elle ne peut et ne doit être qu’un agrément ». Empêchée de se consacrer à la musique, Fanny ne cesse pas pour autant de composer et interprète des morceaux prestigieux de Bach, Mozart, et Beethoven pour un cercle restreint de connaissances.
En 1829, elle épouse un peintre graveur allemand qui décide de l’encourager à jouer du piano et à publier ses compositions. Mais son frère s’y oppose et ira même jusqu’à publier les œuvres de sa sœur en son nom, volant ainsi son travail et la reconnaissance du public par la même occasion. En 1846, à quarante ans, elle fait publier plusieurs œuvres en son nom malgré l’interdiction de son père et de son frère. Elle publie plusieurs œuvres vocales pour chœur, plusieurs lieder et des œuvres pour piano. Un an plus tard, elle décède d’une crise d’apoplexie en laissant derrière elle une œuvre de plus de 400 pièces. Après sa disparition, son mari tente de faire publier les compositions de Fanny. Felix, le frère de Fanny décéde quelques mois après elle de la même chose, après avoir écrit un quatuor pour lui rendre hommage, alors qu’il avait pourtant amplement bridé son talent.
TERESA ET MARIA MILANOLLO, sœurs violonistes
Térésa nait en 1827 et Maria en 1832, en Italie. Térésa commence le violon à quatre ans et donne des concerts à Marseille dès l’âge de huit ans. Devant son succès, ses parents décident de s’installer à Paris pour que Térésa y reçoive des cours de violon de qualité avec des professeurs de violon prestigieux tels que Charles-Philippe Lafont et François Habeneck. Elle donnera ensuite également des concerts en Angleterre, puis à Paris avec le conservatoire à l’âge de quatorze ans. Durant la dernière représentation, Térésa est unanimement acclamée par la foule qui lui reconnait un talent incroyable. Loin de vouloir garder pour elle ses compétences musicales, Térésa joue la prof de musique pour sa petite sœur Maria à qui elle donne des cours de violon et qu’elle fait participer à ses concerts. Entre mai et juillet 1843, les deux sœurs donnent vingt-cinq concerts, accompagnées d’un orchestre philarmonique, toujours devant un public comblé par leurs prestations.
En 1845, Domenico Dragonetti, virtuose italien de la basse, décède en leur cédant deux violons dans son testament. C’est ainsi que les deux sœurs obtiennent un violon Stradivari de 1728 et un Ruggeri de 1680, avec lesquels elles joueront jusqu’à la fin de leur vie. Maria meurt très jeune après avoir contracté la coqueluche et Térésa met beaucoup de temps à s’en remettre. Durant les deux années suivantes, Térésa jouera bénévolement une série de concerts nommés Concerts des Pauvres.
Les deux sœurs, au travers de leur jeu, ont influencé le regard que la société portait sur les femmes violonistes. En effet, le violon était un instrument réservé aux hommes mais le talent de ces jeunes femmes a prouvé qu’être une femme n’était en rien limitant pour devenir une virtuose du violon.
CLARA ROCKMORE, virtuose du violon et du thérémine
Clara est née en 1911 en Lituanie et était déjà une virtuose du violon à cinq ans lorsqu’elle est entrée au conservatoire de Saint-Pétersbourg pour continuer à prendre des cours de violon. Malheureusement, une pathologie des os l’a poussée à arrêter la pratique du violon et à se tourner vers un autre instrument, le thérémine. Elle eut la chance de collaborer avec l’inventeur de l’instrument et de lui apporter ses précieux conseils pour améliorer l’instrument, modifications qui furent réalisées dans les versions suivantes. Disposant de l’oreille absolue et d’une solide formation musicale, Clara fut une des meilleures joueuses de cet thérémine durant les premières décennies de l’instrument. Tandis que les autres musiciens utilisaient l’instrument de musique pour des bruitages de films d’horreur, Clara l’utilisait comme un instrument de musique classique, mettant tous ses talents à profit pour sublimer l’instrument électromagnétique, aujourd’hui reconnu comme l’un des premiers outils de musique électronique.
LILY LASKINE, harpiste française
Née en 1893 en France, dans une famille de musiciens, Lily prend des cours de harpe et s’entraine presque six heures par jour. Elle parvient à intégrer le Conservatoire de Paris en 1904 et obtient rapidement ses premiers prix, à onze et treize ans. Elle entre à l’Opéra à seize ans en tant que harpiste et c’est la première femme à intégrer l’orchestre musical ! Elle deviendra par la suite l’harpiste soliste de l’Orchestre national de France dès sa création. En 1950, sa carrière se poursuit à l’international en collaborant avec la firme de disques Erato, en devenant leur harpiste de référence. Son talent fait le tour du monde et plusieurs compositeurs écrivent alors des morceaux pour elle dont Pierre Sancan et Claude Pascale.
En parallèle de sa pratique de la musique, Lily est également professeure de harpe au Conservatoire de Paris où elle enseigne durant dix ans.
ALMA DEUTSCHER, compositrice britannique
Née en 2005 en Grande-Bretagne, Alma Deutscher est compositrice, pianiste et violoniste. Compositrice de talent dès son plus jeune âge, elle compose une sonate pour piano dès l’âge de six ans. A sept ans, elle compose un court opéra puis un concerto pour violon à l’âge de neuf ans. Un an plus tard, elle compose un premier opéra complet. Née de l’union de deux musiciens amateurs, Alma commence le piano à deux ans et le violon à trois ans. Surnommée le « nouveau Mozart » par de nombreux musiciens, Alma est devenue célèbre à la suite d’une vidéo de sa prestation postée sur Twitter en 2012 par Stephan Fry. Bien que très jeune, Alma avait déjà conscience de la petite place laissée aux femmes dans l’industrie musicale et a précisé plusieurs fois qu’elle serait sans doute davantage prise au sérieux si elle « un gros et vieux monsieur avec une barbe ».
Alma a créé un opéra intitulé Cendrillon, joué à Vienne en 2016, qui retrace l’histoire d’une héroïne jeune compositrice qui joue un morceau à l’homme qu’elle aime, un poète. Loin de prendre la comparaison avec Mozart pour un compliment, Alma n’apprécie guère son surnom bien qu’elle aime beaucoup le compositeur. Elle aurait même indiqué « Je ne veux pas être Mozart, je veux être Alma ».
EMILY JORDAN BEAR, compositrice et pianiste américaine
Parmi les prodiges contemporaines, il y a Emily Jordan Bear, née en 2001. Alors qu’Emily est âgée de seulement deux ans, sa grand-mère elle-même professeure de piano repère son talent pour cet instrument de musique.
A trois ans, elle compose sa première chanson et étudie l’année suivante à l’Institut de musique de Chicago. A l’âge de cinq ans, elle fait ses débuts au Festival de Ravinia et y est la plus jeune musicienne de l’histoire à interpréter un morceau. En 2008, elle est la plus jeune compositrice à remporter le premier prix de Morton Gould pour la fondation ASCAP. Elle est également invitée à jouer du piano à la Maison Blanche à seulement sept ans pour George W Bush et interprète Concerto pour piano n23 de Mozart. Dans sa huitième année, Emily avait déjà composé plus de 350 œuvres.
C’est à l’âge de 9 ans qu’elle donne son premier concert, dans une salle new-yorkaise réputée. Elle y jouera ses propres compositions dont "Peace: We Are the Future". Passionnée par la musique classique et le jazz, Emily travaille avec Quincy Jones à partir de ses dix ans. Le trompettiste et compositeur américain gagnant de 28 Grammy Awards dira d’elle « Je suis stupéfait et inspiré par son talent (…) Il n’y a pas de limites aux hauteurs musicales qu’elle peut atteindre. ».
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