Après une longue carrière dans le management, Catherine a décidé de se consacrer enfin, exclusivement, à sa grande passion depuis toujours : la musique. C’est ainsi qu’elle est devenue professeure de piano pour Allegro Musique il y a plus de huit ans. Découvrez son incroyable parcours en lisant son interview, il y a des chances que vous soyez surpris et surprises !
Comment avez-vous commencé à jouer du piano et pourquoi cet instrument ?
J’ai commencé à l’âge de 4 ans avec un piano qui se trouvait à la maison, j’allais pianoter sans cesse donc ma mère m’a mise entre les mains de professeurs. Elle-même était chanteuse d’Opéra et a chanté toute sa carrière à l’Opéra Garnier. Avec l’Opéra Garnier, j’avais la chance de participer à la fête de Noël organisée pour le personnel avec des spectacles de ballet sur scène, des goûters, en fait je crois que c’est ainsi que la musique est entrée en moi.
Comment êtes-vous devenue professeure de musique ?
Le fait d’avoir accès à tout l’Opéra Garnier était tout simplement formidable, j’ai baigné dans l’univers musical toute petite donc tout naturellement après le baccalauréat, j’ai souhaité intégrer la Juliard School à New York parce que mon rêve était de composer de la musique pour les films. Mais mon père me l’a interdit bien que j’en rêvais depuis toujours et composais déjà depuis mes 15 ans. J’ai donc dû faire des études supérieures. Maintenant je pense qu’il avait raison parce que mes compétences dans le management m’aident beaucoup à présent dans mon parcours de professeure, c’était très enrichissant. De plus, j’avais obtenu un poste avec de très bons revenus, ce qui m’a permis d’avoir les moyens de poursuivre ce que j’appelle « mes petites bêtises musicales », c’est-à-dire approfondir la composition pour percer dans le milieu de la musique. J’ai donc pu prendre des cours de MAO, musique accompagnée par ordinateur, via un logiciel.
C’est comme cela que j’ai composé et écrit plusieurs morceaux, j’ai ensuite pu embaucher un ingénieur du son qui m’a proposé d’aller plus loin et c’est exactement mon caractère : je veux toujours obtenir le meilleur de moi-même. Donc j’ai continué ma musique en parallèle de mon travail mais, à la suite d’un burn-out, il y a 8 ans, j’ai décidé de me consacrer entièrement à la musique pour faire ce qui me plait depuis toujours. C’est donc comme ça que j’ai rejoint Allegro Musique depuis 2015 tout en continuant de composer. J’ai rencontré beaucoup de personnalités connues dans le monde de la musique bien que j’aie reçu de nombreux compliments de ces derniers. Je savais toutefois que mes compétences étaient valables, que j’avais des atouts et donc les capacités pour transmettre. C’est ce qui m’importe le plus de transmettre ma passion, ma culture musicale, notamment lyrique qui est plutôt rare, notamment grâce à mes souvenirs à l’Opéra Garnier.
Combien d’élèves avez-vous eu depuis le début ?
Beaucoup je pense mais je n’ai pas compté, quelques-uns par le bouche-à-oreille dans mon cercle privé, d’autres via Allegro Musique évidemment. Depuis 2015, j’ai dû avoir une vingtaine d’élèves par an environ, la majorité par AM mais je donne également des conférences dont une, l’an dernier, sur Maria Callas un peu atypique, sur la scène de l’Opéra de Reims. Il est prévu que j’en donne d’autres prochainement notamment à Paris et à l’étranger. J’ai rencontré Maria Callas quand j’étais enfant parce que ma mère me l’a présentée. Je ne réalisais pas la chance que j’avais sur le moment mais depuis je l’ai compris. C’était une femme extraordinaire, une professionnelle inouïe que ma mère admirait beaucoup. Ma mère écrivait sur elle dans des carnets et au moment du premier confinement, j’ai décidé de me servir de ses carnets pour raconter son art, comment cette chanteuse incroyable est parvenue à être la meilleure à travers les années.
Qu’avez-vous ressenti lors de votre premier cours de piano en tant que professeure ?
Lors de mon tout premier cours, j’ai ressenti beaucoup de joie à l’idée de pouvoir enfin transmettre tout ce que j’ai acquis au fil du temps et puis voir l’élève heureux c’est un accomplissement. J’ai trouvé cela plutôt facile, ça s’est fait avec beaucoup d’aisance de part et d’autre et j’ai tout de suite eu cette vision des cours comme un partenariat entre le professeur et l’élève. D’ailleurs, j’ai plusieurs élèves que je considère comme des élèves-amis et avec qui nous organisons des réunions régulièrement parce que la musique c’est du partage, au-delà de la technique et de la connaissance du solfège.
Que représente la musique pour vous au quotidien ?
Je dirais que je suis, dans le sens positif du terme, complétement dépendante à la musique. Lorsqu’il m’arrive de ne pas pouvoir jouer 2 ou 3 jours quand je pars en voyage par exemple, c’est déjà trop pour moi. Je trouve toujours un moyen de jouer, que ce soit dans les aéroports, les bars, ou en d’autres occasions. Depuis toujours je suis incapable de me passer de musique, même lorsque j’étais adolescente et que mes amies me proposaient des sorties après la classe, je préférais rentrer chez moi pour écouter de la musique lyrique durant des heures. A savoir également que ma mère chantait sur scène alors qu’elle était enceinte de 8 mois ! J’ai donc été bercée par la musique avant même ma naissance, c’est tout simplement génial, je remercie tous les jours ma mère !
Avez-vous déjà fait des concerts ?
J’en ai fait oui, je suis bénévole pour une association depuis 13 ans, au Château Le Kinnor situé à Fervaques et ils font des activités sociales pour les personnes handicapées, et ont à cœur de développer la culture dans la région. J’ai donné plusieurs concerts dans ce contexte. Il m’arrive aussi de faire des petits concerts privés chez moi entre amis, avec une vingtaine de personnes mais entre les cours et les conférences, j’ai peu de temps à consacrer aux concerts.
Pensez-vous qu’il est possible d’apprendre le piano à tout âge ?
Le plus facile c’est de commencer vers 6-7 ans, mais j’ai une élève qui a commencé à 65 ans et je lui fais cours depuis 6 ans, on peut donc apprendre à tout âge, ce sera juste moins rapide ! Pour apprendre à jouer du piano, la coordination est importante entre les deux mains, l’apprentissage du solfège est indispensable et tout ce qu’il y a à apprendre nécessite des capacités cognitives qui diminuent avec l’âge comme la mémoire. Mais pas seulement, sur le plan physique les enfants apprennent plus vite également grâce à la souplesse de leurs doigts qui sont tout mous, ce qui n’est pas le cas des personnes adultes voire âgées. La progression des enfants est donc beaucoup plus rapide et marquante. Notamment pour le solfège où ils ne s’aperçoivent pas de ce qu’ils apprennent parce que je leur transmets de façon ludique, j’intègre le solfège à la technique dans la partition, je fais des jeux, je leur pose des questions et je m’amuse beaucoup parce qu’ils sont très investis et que j’adore les enfants ! Mais de toutes façons, qu’il s’agisse d’enfant ou d’adulte, je m’adapte toujours à l’élève dans la préparation des cours. Je leur propose différents morceaux et leur laisse choisir celui qu’ils ou elles préfèrent jouer. Quand mes élèves veulent jouer un morceau en particulier, je l’adapte ou bien on travaille pour que l’élève soit capable de le jouer tel quel mais je ne suis jamais dans le négatif.
De quelle manière organisez-vous vos cours ?
Pour les enfants, il est indispensable que le cours soit ludique comme je disais, afin qu’ils ne s’ennuient pas. Mais pour les adultes c’est un peu pareil ! J’intègre toutes les bases de solfège dans la technique et même si je fournis une méthode sur laquelle s’appuyer à chaque élève, je m’adapte à beaucoup d’éléments notamment la capacité de mémorisation de l’élève, son caractère, ses goûts musicaux etc. Je ne me limite pas et surtout je ne les limite pas, je leur propose parfois de m’accompagner à des concerts, des rencontres entre différents élèves selon leur niveau. Je pense que la musique est tellement intense qu’il faut la partager sous toutes ses formes et puis j’entraine et accompagne certains de mes élèves à des concours si les parents et eux-mêmes sont d’accord. En général les enfants gèrent bien la scène, c’est plutôt vers l’adolescence que le stress fait surface.
Qu’aimez-vous le plus dans le fait de donner des cours de piano à domicile ?
J’essaie toujours de tirer le meilleur de toutes mes expériences et puisque je n’ai pas percé dans le milieu, je ne veux pas que la musique disparaisse… J’ai tout transmis naturellement à mon fils (et j’en suis très fière !) qui a maintenant cette richesse en lui et j’aime pouvoir transmettre mes connaissances à d’autres personnes. Les cours à domicile me permettent de pouvoir préparer un programme sur mesure pour l’élève, de construire une relation avec lui en le mettant en confiance, en lui donnant toutes les notions dont il a besoin et je favorise toujours l’échange même avec les plus petits, avec qui je joue souvent à 4 mains. Je garde le dernier quart d’heure du cours de piano pour jouer à 4 mains avec eux et ils adorent ça ! C’est comme une récompense pour eux. Je fais toujours en sorte que l’élève prenne plaisir à apprendre et que ce soient les enfants ou les adultes, ils doivent s’amuser et apprécier le moment. Il y a une véritable part humaine dans mon travail, car la relation avec le professeur est très importante durant un apprentissage.
Quel est votre meilleur souvenir avec le piano ?
J’en ai tellement c’est difficile de choisir … En 1979, je suis partie en Egypte faire la descente du Nil avec des amies et lorsque nous sommes arrivées dans un hôtel au Caire, j’ai vu qu’ils avaient un piano et demandé si je pouvais jouer. On m’a dit oui et on nous a offert le diner !
Je fais aussi beaucoup de piano dans les aéroports et en 2003, je vivais dans le 17ème à Paris et j’ai proposé à mes voisins de l’immeuble d’organiser la fête de la musique chez moi et j’ai invité également d’autres amis musiciens. Nous avons joué au piano, au saxophone durant des heures et nous avions ouvert les fenêtres parce qu’il faisait chaud. Lorsque nous avons convenu d’arrêter, il y avait un attroupement de personnes devant la fenêtre qui attendait la suite et nous a demandé de continuer ! Alors nous avons continué pendant que les gens dans la rue applaudissaient aux fenêtres, c’était incroyable. Je pense que la musique a un véritable pouvoir pour rassembler. En ces temps difficiles, elle fait du bien à tout le monde et elle rapproche les gens.
Selon vous, quelles sont les qualités indispensables et les techniques nécessaires pour être un bon prof de piano ?
Alors, il faut une certaine souplesse dans le langage, un langage adapté à l’élève. S’intéresser à lui, comprendre ses motivations et être à l’écoute sur tous les plans : quand il présente son travail, quand il vous parle… Il faut créer du lien, de l’échange, il ne faut pas se limiter à un cours académique en tout cas je ne suis pas comme ça. Au contraire, les enfants me font souvent des blagues, des petites cartes pour Noël, moi je leur apporte un petit cadeau pour leur anniversaire parce que j’ai les moyens de le faire. Mais quoiqu’il arrive, il faut que le cours de piano soit un moment de détente, le prof doit être rigoureux dans ce qu’il transmet, mais en faire un moment de plaisir et de joie. Evidemment, il faut les connaissances musicales mais il faut surtout être en mesure de transmettre et savoir le faire de la bonne façon en permettant à l’élève d’apprécier l’instrument même quand les cours sont imposés par les parents. Pour moi la relation élève / prof est un binôme gagnant-gagnant, il ne faut jamais être négatif, jamais dire que telle ou telle chose est mal faite ou mauvaise mais au contraire que l’on peut encore l’améliorer, l’optimiser, apporter quelque chose de plus afin que l’élève ne perde pas confiance en lui. J’ai une petite élève qui a dit à ses parents « Je ne veux pas d’autre prof, je ne veux que Catherine ! » et j’ai des tas d’autres petits souvenirs comme celui-là qui me touchent beaucoup.
Si vous en aviez l’occasion, quel artiste choisiriez-vous pour un duo ou pour un accompagnement ?
Alors sans hésitation, au piano je choisirai Elton John ! J’adorerai jouer avec lui, ce type me fascine parce qu’il fait de l’improvisation et je le suis depuis 1973 ! J’ai vu tous ses concerts même à Las Vegas, mon fils me suit, il l'adore aussi. Faire un 4 mains avec lui ou Polnareff qui était un exemplaire compositeur ce serait magique.
Pour ce qui est de choisir un(e) artiste pour l’accompagner au piano, j’aurais bien-sûr choisi Maria Callas si elle était toujours en vie, mais il y a aussi Placido Domingo qui est chanteur d’opéra et qui est d’une incroyable générosité lors de ses représentations il met toujours en avant des solistes à connaitre ou déjà bien connus, c’est un grand chanteur lyrique avec plus de cinquante ans de carrière, j’adorerais l’accompagner.
Quel est le meilleur conseil que vous donneriez à une personne qui n’ose pas se lancer ?
Qu’elle écoute de la musique en premier lieu et qu’elle y trouve un véritable plaisir ! Également je pense que prendre un cours en individuel comme le propose Allegro Musique peut être une bonne option pour évacuer le stress d’un cours en groupe et permettre de découvrir l’instrument en toute sérénité, se lancer en conservatoire risque d’être plus angoissant et plus contraignant également. Alors qu’un cours particulier permet au professeur de s’adapter à l’élève et même parfois de l’aider à choisir son instrument, parce que les débutants et débutantes ne savent pas forcément quel est le meilleur piano pour apprendre. Il m’est déjà arrivé d’accompagner un élève pour choisir son piano qu’il adore à présent. Donc, pouvoir profiter des conseils de quelqu’un qui s’y connait sans être observé par les autres c’est peut-être la meilleure option !
Un dernier souvenir à nous raconter ?
J’en ai tellement ! Mais je vais vous raconter le plus récent, c’est tout neuf du 21 août ! J’étais sur le chemin des vacances et nous avons fait une escale à l’aéroport de Rome dans lequel il y avait un très beau piano à queue. Mon fils a voulu jouer et moi aussi donc nous y sommes allés, des gens sont venus nous demander de jouer des morceaux précis, quelqu’un s’est mis à chanter puis il y a eu un attroupement autour du piano et de nombreuses personnes se sont mises à chanter, c’était incroyable de voir tous ces gens venus de différents endroits, qui ne se connaissaient pas, se lier pour un instant de musique. C’est la preuve que le piano est génial, c’était un moment magique ! Une autre fois, il me semble en 2001, nous étions à Cuba et nous avons trouvé un piano-bar dans lequel un pianiste jouait tous les soirs. Ce soir-là un de mes amis est allé le voir pour lui dire que son amie était férue de musique et le pianiste a demandé à me voir, on m'a laissé l'accès au piano et j’ai joué toute la soirée. En journée, on m’a laissé accès au piano et le soir, durant quatre jours, c’est moi qui étais derrière le piano, le pianiste était surement parti se reposer alors que moi je vivais une incroyable aventure ! Le public me demandait de jouer différents morceaux que je jouais à l’oreille et c’est d’ailleurs là-bas que j’ai composé un morceau intitulé Polka cubaine, qui se trouve sur mon CD de 7 titres.