« Il jouait du piano debout, c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup… » quelques jours seulement après le décès de France Gall, cette chanson résonne en nous. Et si l’on se posait réellement la question de « jouer du piano debout », est-ce réalisable et surtout, est-ce une bonne pratique ?
Jouer du piano debout, pourquoi ?
« Folie », « liberté », « fierté », le fait de jouer du piano debout dans cette chanson de France Gall est tout un symbole. Depuis des décennies, les musiciens aiment défrayer la chronique en jouant de leur instrument d’une manière inappropriée ou particulièrement singulière. C’est un signe d’unicité mais aussi très souvent une position prise en rapport avec la société qui nous entoure. Cela peut-être aussi une manière visionnaire de considérer son instrument et la musique. C’est ainsi que Jimmy Hendrix jouait sur une guitare de droitier mais montait ses cordes à l’envers, ou qu’à la fin de l’année 2017, le violoniste lituanien Tadas Maksimovas était reçu sur tous les plateaux de télévision parce qu’il ne joue pas avec un archet mais avec… ses longs cheveux !
Instrument classique par excellence, le piano répond à certaines règles de bienséance depuis près de 5 siècles. Le simple fait de jouer du piano debout est déjà une pratique novatrice, presque provocatrice, mais surtout une affirmation d’un style différent : « Simplement sur ses deux pieds, il voulait être lui vous comprenez ».
Et concrètement, jouer du piano debout, cela change quoi ?
Oublions le côté visuel et scénique pour nous pencher d’un peu plus près sur le côté pratique de la chose. Jouer tout en étant debout, d’un instrument calibré pour être manipulé assis n’est pas si simple qu’il n’y paraît.
- Jouer correctement du piano droit debout est par exemple presque impossible ou tout du moins, assez désagréable pour le pianiste. La rotation forcée des poignets peut gêner les mouvements du musicien et donc nuire à la fluidité de son jeu. La position debout peut en revanche à certains moments apporter plus de forces au pianiste : c’est ainsi que Jerry Lee Lewis, à qui Michel Berger souhaitait rendre hommage avec cette chanson, aimait terminer ses morceaux.
- En revanche, lorsque l’on joue sur un synthétiseur ou un piano numérique, le jeu debout est tout à fait possible, même s’il nécessite quelques ajustements. La solution la plus confortable pour le pianiste est de bien régler la hauteur du clavier, grâce à un pied ajustable par exemple. Un siège dit « debout » peut également être bien apprécié lors de prestations longues ou même de répétitions.
Jouer du piano debout… mais seulement de temps en temps !
L’idéal pour la pratique du piano est tout de même de respecter à la fois la physiologie de l’instrumentiste mais aussi le mode de jeu pour lequel l’instrument a été prévu. Il est important que le pianiste adopte dès ses premières leçons une posture juste et droite, non pas par rigueur mais simplement par confort. Le fauteuil du pianiste doit être réglé en hauteur, de façon à ce que les coudes du pianiste se trouvent au niveau du clavier. C’est cet angle à 90° qui offre au musicien la plus grande aisance mais aussi la meilleure amplitude musicale. Bien assis, le claviériste sera aussi plus à même de jouer avec les pédales de modulation du son.
Si vous souhaitez tout de même vous essayer au « piano debout », pensez à bien stabiliser votre clavier et à ajuster sa hauteur. Un pianiste confortablement installé sera toujours un meilleur pianiste.