Dans cette interview inspirante, Camille Maratuech, musicothérapeute à Toulouse, nous partage son quotidien dédié à l’accompagnement des patients par la musique. En collaboration avec des associations telles que MainTendue31 et Apte Occitanie, Camille intervient auprès de publics variés, des personnes âgées aux enfants autistes, à qui la musicothérapie offre un véritable espace de communication et de mieux-être. Elle nous explique son approche, ses méthodes et les bienfaits de la musique dans ses séances thérapeutiques, tout en revenant sur son parcours et son engagement dans cette pratique essentielle.
Camille Maratuech, neuro-musicothérapeute, propose des séances de musicothérapie adaptées à divers publics, notamment aux personnes âgées, aux enfants et aux personnes en situation de handicap, d’exclusion sociale et sans abris. Forte de plus de dix ans d’expérience dans des structures variées – IME, EHPAD, services de gérontopsychiatrie, oncologie et pédiatrie – Camille a enrichi sa pratique à l’Université de Montpellier III, avec une spécialisation en neuro-musicothérapie.
À travers son approche, elle met en place des projets thérapeutiques personnalisés pour répondre à des besoins spécifiques tels que l'estime de soi, la communication, la mémoire, le lien social et bien d’autres. Ses séances privilégient le jeu et la créativité grâce à des éléments musicaux comme le rythme, la mélodie et l’intensité. Camille utilise deux méthodes distinctes : la musicothérapie active, encourageant l’expression de soi par la voix et les instruments, et la musicothérapie réceptive, axée sur l’écoute pour stimuler la concentration et les émotions. Chaque séance, précédée d’une évaluation pour adapter l’intervention, dure entre 30 minutes et 1h30, permettant aux participants et patients de s’exprimer et de s’épanouir dans un espace bienveillant et thérapeutique. Pour plus d’informations, visitez son site camille-maratuech.com et retrouvez la sur ses réseaux sociaux Facebook et Instagram.
Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir musicothérapeute ?
Ça remonte à quand j’étais toute petite ! Ma mère était éducatrice et m’a raconté, je ne sais combien de fois, cette histoire ! Alors qu’elle travaillait dans un centre, elle s’est trouvée face à une personne autiste qui était en pleine crise et que personne ne parvenait à apaiser. Ma mère tentait de l’aider quand un autre éducateur est arrivé avec une guitare et s’est mis à jouer en se calant sur le rythme disons effréné de la crise de cette patiente. Et, comme il était parvenu à attirer son attention, petit à petit, il a réduit le rythme, le tempo et les nuances jusqu’à ce que la patiente le suive et que sa crise s’apaise. Apparemment ce moment a fait fureur dans l’institution et au sein de toute l’équipe. J’ai grandi avec cette histoire que j’ai adorée et si à l’époque je ne connaissais pas le terme de musicothérapie, c’est certainement ma première inspiration pour ce métier. La première fois que j’ai entendu parler du terme "musicothérapie", c’était lors d’un échange quelques années plus tard avec un contact de ma mère qui avait la double casquette journaliste et musicothérapeute et qui intervenait sur des zones de conflit.
Quelle est la différence entre thérapie par la musique et pédagogie ?
Ah, c’est marrant parce que j’ai fait une publication Instagram sur ce sujet. Je dirais que la différence réside dans l’objectif. En pédagogie, on apprend à jouer d’un instrument et on cherche à acquérir des compétences. En musicothérapie, on va plutôt utiliser la musique comme un outil thérapeutique et non à visée d’apprentissage. L’objectif est de travailler sur les aspects émotionnels, psychologiques et cognitifs en utilisant la musique, alors que dans la pédagogie l’issue est d’apprendre à jouer d’un instrument.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste concrètement la musicothérapie ?
Il y a une définition très complète sur le site de la fédération française des musicothérapeutes : « La musicothérapie est une pratique de soin, de relation d’aide, d’accompagnement, de soutien ou de rééducation, utilisant le son et la musique, sous toutes leurs formes, comme moyen d’expression, de communication, de structuration et d’analyse de la relation. »
Pour simplifier, on utilise beaucoup le mot thérapie mais le mot clinique est aussi important. Le plus important, c’est que l’intervention va être basée sur des méthodes vérifiées et des connaissances scientifiques. On utilise la musique et toutes ses composantes, c’est-à-dire que ce n’est pas vraiment la musique telle qu’on l’utilise dans notre quotidien. En musicothérapie, on utilise le rythme pour travailler sur tout ce qui est fonctions cognitives et physiques, la mélodie pour stimuler les souvenirs et favoriser des processus de communication et d’expression personnelle. On utilise toutes les composantes de la musique pour travailler différentes choses, on déstructure un peu la musique. La seconde chose importante, c’est le cadre thérapeutique qui doit favoriser une amélioration de la santé mentale physique et émotionnelle. La troisième chose importante, c’est qu’on ne propose pas une séance à n’importe qui, c’est vraiment dans un objectif de soins.
Comment adaptez-vous vos séances en fonction des besoins individuels de vos patients ?
Tout dépend de la population et du public avec lequel je travaille. En ce moment, j’interviens auprès de personnes en situation de précarité, qui vivent dans la rue. Dans ce cadre-là, je vais d’abord aller à la rencontre de ces personnes et leur demander si elles connaissent la musicothérapie, leur parler du projet Musicobus, des interventions en musicothérapie sous forme de maraudes et voir comment on pourrait travailler ensemble. Avec les personnes marginalisées dans la rue, on va fixer des objectifs, à savoir travailler sur leurs émotions, l’anxiété, le stress de vivre dans la rue, travailler l’apprentissage de certains instruments pour révéler un potentiel et améliorer l’estime de soi. A ce stade on se sert de l’aspect pédagogique mais ce n’est pas l’issue ni l’objectif final.
Je vous sens particulièrement engagée face aux discriminations, qu’espérez apporter avec la musicothérapie aux personnes minorisées ?
Je pense que ça fait écho à l’histoire de ma mère, c’est le souhait de trouver une alternative quand il semble ne plus y en avoir. C’est pour cela qu’on appelle cela une médecine alternative, elle est complémentaire à d’autres interventions. C’est la possibilité de travailler différemment avec d’autres outils, même au-delà de la musicothérapie, il y a bien-sûr d’autres biais qui peuvent aider comme l’art thérapie et d’autres pratiques. Selon moi, la musique a vraiment un rôle à jouer, un potentiel et une utilité associée au soin. On le voit avec la neuro-musicothérapie, qui permet par exemple des résultats incroyables sur la maladie d’Alzheimer : quand on suit un protocole strict et qu’on utilise des techniques qui ont fait leurs preuves, les personnes atteintes peuvent retrouver une certaine mémoire.
Je pense à une de mes patientes qui est à un stade avancé de la maladie, et il lui est très difficile de se souvenir de son nom, ceux de ses enfants, l’endroit où elle est, en l’occurrence en maison de retraite. Elle a une grosse perte de repères spatio-temporels qui apporte une grosse dose d’anxiété mais avec du temps et une technique appropriée, on peut récupérer une certaine mémoire, notamment en travaillant avec des moyens mnémotechniques couplés à la mélodie et le rythme. La répétition permet de renforcer progressivement l’ancrage d’un souvenir dans la mémoire à court terme, facilitant ensuite sa consolidation et son rappel.
C’est merveilleux ce que la musicothérapie peut susciter chez les patients et je pense que c’est important de ne pas rester sur une approche purement physique face à la maladie, il y a nécessité d’aller chercher l’émotionnel parce que l’être humain ne se limite pas au corps.
Y a-t-il des types de musique ou des instruments que vous privilégiez dans votre pratique ?
Le choix des musiques est associé à l’entretien que je fais avec le patient donc c’est plutôt en fonction de l’histoire musicale du patient et de ses goûts. Le choix des instruments dépend des possibilités du patient et des préférences du musicothérapeute. Pour ma part, comme je suis pianiste ça va être le mélodica qui est assez mobile et la guitare. Pour les enfants qui présentent un autisme, j’utilise beaucoup les cloches et les percussions. Pour les personnes à la rue, c’est beaucoup d’instruments percussifs assez variés pour m’adapter aux différentes cultures des personnes à la rue. Pour les personnes atteintes d’Alzheimer j’utilise beaucoup le piano, un petit que je transporte. En fait, ça dépend des populations et de ce qui va le mieux me permettre de créer un lien.
Depuis quand êtes-vous musicothérapeute ?
Je suis diplômée depuis dix ans et j’ai pratiqué tout de suite en EHPAD et en soins palliatifs. Ensuite, je me suis dirigée petit à petit en milieu carcéral et puis j’ai beaucoup voyagé pour un projet d’écriture que je n’ai pas encore terminé. Il consistait à récolter des informations, des témoignages auprès des différentes populations sur leur manière de considérer la musique. Ensuite, je suis revenue sur Toulouse et là je continue le travail en milieu carcéral et je m’oriente un peu plus vers le social, notamment avec les personnes à la rue et le projet Musicobus. Je poursuis en parallèle l’accompagnement en neuro-musicothérapie avec les personnes atteintes d’Alzheimer et les enfants autistes.
Quelle est la différence entre musicothérapie et neuro-musicothérapie ?
La neuro-musicothérapie est une technique spécifique de musicothérapie, on ne peut pas la pratiquer sans être musicothérapeute. Cette technique spécifique est beaucoup axée sur les neurosciences et a un impact sur les troubles neurologiques et psychologiques. Les bénéfices de la neuro-musicothérapie sont scientifiquement démontrés et enrichissent les pratiques, permettant d’approfondir l’approche des troubles neurologiques. Il y a un ouvrage très intéressant sur la question qui s’intitule Manuel clinique de rééducation par la musique, rédigé par le professeur Thaut.
En quoi consiste la formation de musicothérapeute ?
La formation de musicothérapie inclut, entre autres, de nombreux cours de psychologie, de psychopathologie, des cours de neuropsychologie et de psychiatrie. La formation dure trois ans et il y a également des cours de musique et bien-sûr de musicothérapie. C’est une formation assez dense qui prépare les participants au rôle de musicothérapeute, en développant tant leurs compétences musicales que leurs compétences thérapeutiques.
Quelle a été votre première expérience marquante en tant que musicothérapeute ?
Je pense que c’est le premier patient que j’ai suivi pour rédiger mon mémoire. Il avait une maladie neurodégénérative très rare et il s’agissait de mes premiers pas en psychiatrie. Je n’avais jamais été dans un service de psychiatrie adulte, il y avait des profils qui dépassaient de loin ma petite carrure. La psychiatre avait donc prescrit des séances de musicothérapie à ce patient en me mettant en garde. La problématique première, c’est que cette pathologie impliquait des gestes agressifs involontaires que j’ai dû prendre en compte dans mes séances. Personne ne s’approchait de ce patient hormis un infirmier formé donc il fallait créer un contact à distance. Il était très touchant malgré le risque physique et il passait ses après-midis dans le jardin thérapeutique, c’est donc là-bas que j’ai initié les séances. Je me suis assise sur un banc à bonne distance du sien, j’avais établi un contact avec ses proches qui m’avaient indiqué qu’il adorait Johnny Hallyday, j’ai donc commencé à jouer des morceaux à la guitare. Ce patient a fini par montrer une réaction d’abord à travers ses regards, il semblait attiré par la mélodie. Je me suis approchée petit à petit au fil des séances et la crainte a totalement disparue quand j’ai réalisé que durant les moments où il était attentif à la musique, les symptômes agressifs n’étaient pas présents. C’était comme si la musique avait atténué ses symptômes.
Quels types de patients bénéficient le plus de la musicothérapie, selon vous ?
Je pense que tout dépend du profil du musicothérapeute. Il faut à chaque type de patient un musicothérapeute bien formé. Certains musicothérapeutes ont un profil d'une douceur extrême qui convient bien aux enfants autistes. Il faut aussi tenir compte des appétences et des facilités de chaque musicothérapeute. J’ai par exemple des collègues qui sont mamans et rencontreraient des difficultés à travailler avec des enfants en oncologie, donc il faut faire selon ses possibilités. L’agence régionale de santé souligne les bienfaits de la musicothérapie auprès des personnes atteintes d’Alzheimer car de nombreuses observations cliniques ont montré que la musique peut avoir des effets positifs sur les symptômes cognitifs, émotionnels et comportementaux de cette maladie. Pour les personnes autistes, la musique est un outil qui permet vraiment d’entrer en relation avec eux, d’entrer dans leur bulle.
Pouvez-vous partager une histoire où la musicothérapie a vraiment transformé la vie d'un patient ?
Il y a deux histoires qui me viennent en tête. Premièrement, celle d’une dame atteinte d’Alzheimer que j’ai suivie, qui présentait beaucoup d’angoisses à cause d’une perte de repères spatio-temporels. C’est assez troublant, lorsque l’on intervient avec ces personnes-là, de voir à quel point la musicothérapie peut apporter des résultats. Elle permet des résurgences de souvenirs, à un moment où il semble que la personne n’est plus là. La musicothérapie apporte des techniques spécifiques mais les proches ont aussi leur rôle à jouer. A l’issue du travail avec elle, elle pouvait restituer son nom, ce que nous faisions et elle se souvenait où elle était. Le travail était assez long, en introduisant d’abord une mélodie très simple, associée aux informations importantes qu’elle devait retenir. Ensuite, on a inclus les moyens mnémotechniques associés à une rythmique simple, répétitive. On a ensuite retiré la musique mais en suivant toujours le même schéma pour qu’il s’imprime dans la mémoire. Enfin, on retire l’ordre des éléments, on désordonne un peu tout ça pour revenir à une conversation. A présent, c’est une personne qui peut se nommer, sait où elle est et n’est plus nourrie d’angoisses. Bien-sûr, elle n’est pas guérie, mais elle vit mieux avec la maladie, cela lui permet d’avancer avec moins d’anxiété.
La seconde histoire, c’est celle d’un enfant autiste avec lequel j’ai fait tout un travail en neuro-musicothérapie en utilisant des techniques de discrimination sonore. L’objectif principal était de l’aider à différencier les sons. Pour ce faire, j’ai d’abord posé deux instruments de musique devant lui, puis j’ai progressivement ajouté d’autres instruments. L’idée était de l’amener à associer chaque son à un instrument particulier. La problématique avec cet enfant, c’est qu’il ne réagissait pas aux interactions avec les soignants qui de fait le pensaient sourd. Le travail qu’on a fait permettait d’une part de vérifier s’il comprenait la consigne et d’autre part de vérifier ses capacités auditives. Mon intervention a permis de faire comprendre aux soignants l’impact de la musicothérapie sur l’autisme et de clarifier la situation : l’enfant avait simplement besoin d’une approche différente pour interagir.
Comment travaillez-vous en collaboration avec d'autres professionnels de la santé ?
Je dirais que ça dépend des lieux, je trouve que c’est plus difficile souvent en milieu hospitalier dans lequel il y a une certaine méfiance et aussi une idée de monopole du soin. Certains professionnels de santé, comme les neurologues ou psychiatres, peuvent avoir tendance à privilégier leurs propres pratiques les considérant comme étant les seules réellement efficaces pour accompagner les patients. Mais, je suis en généralement très bien accueillie par les équipes. Parfois, les résistances viennent davantage de l'ignorance de la discipline, mais je n'ai jamais rencontré de rejet malveillant.
J’ai remarqué que la résistance qui peut être présente dans les débuts disparait vite une fois que l’on montre et que l’on permet à l’équipe de comprendre vraiment le fonctionnement et les techniques de musicothérapie. Leur faire vivre l’expérience leur permet de comprendre l’utilité de la pratique et donc de la proposer plus facilement.
Quelles sont les qualités essentielles d'un bon musicothérapeute ?
Je pense que c’est l’écoute et la patience. On a tendance à vouloir vite obtenir des résultats, mais je pense qu’il ne faut pas négliger et oublier que la personne en face de nous n’a pas le même rapport au temps que nous, notamment les enfants autistes. C’est donc important d’être patients et de ne pas avoir trop d’attentes. L’observation est importante aussi, savoir se mettre en retrait pour observer c’est primordial.
Quels sont les principaux bienfaits physiques, émotionnels et psychologiques de la musicothérapie ?
Vaste question ! Sur le plan physique, les bienfaits observés sont l’amélioration de la motricité, en développant tout ce qui est coordination et motricité fine. En musicothérapie, ces bienfaits se manifestent particulièrement chez les personnes vivant dans la rue, confrontées à des conditions climatiques rudes qui entraînent une perte de motricité fine, gênant les gestes quotidiens. On peut aussi obtenir des résultats sur la perception de la douleur car la musique peut avoir un effet antalgique à sa façon, dans le sens où elle peut permettre de mieux gérer la douleur. En tant que thérapeute, mon rôle sera alors de permettre au patient de s’approprier la musique de manière à ce qu’elle soit bénéfique dans le processus. Dans les bienfaits physiques, on peut noter aussi une meilleure respiration. On travaille beaucoup sur la relaxation avec les patients notamment ayant des affections pulmonaires qui impliquent une perte de capacité respiratoire.
Concernant les bienfaits émotionnels, je dirais que la musicothérapie offre un espace sécurisé pour travailler sur les émotions et leur régulation. Ecouter et jouer de la musique peut vraiment aider à moduler l’humeur, réduire l’anxiété et l’angoisse. Elle permet de créer du lien et de la confiance, ce qui est important dans la relation thérapeutique.
Pour l’aspect psychologique, on retrouve une amélioration de l’estime de soi et de la confiance en soi. C’est quelque chose que je vois avec les personnes marginalisées que ce soit dans la rue ou en milieu carcéral. La stimulation cognitive est aussi un bénéfice majeur de la musicothérapie : elle permet de développer la concentration, l’attention et la gestion du stress.
Est-ce que certains types de musique sont plus efficaces pour certains troubles ou affections ?
Non, j’ai travaillé avec des ados qui adoraient le rock et ça n’aurait pas fonctionné forcément avec d’autres patients. Tout dépend surtout des goûts de chacun et chacune. Tout ce qui amène le patient à se reconnaitre et se trouver en confiance. En revanche, je constate qu'en rééducation de neuro-musicothérapie, il est important de travailler sur des mélodies très simples. L’idée n’est pas de construire une mélodie complexe avec beaucoup de variations parce que le patient peut ne pas se reconnaitre, tandis qu’avec une mélodie plus régulière et un rythme plus simple, on peut travailler sur la restitution. Ainsi, dans le travail en neuro, ce n’est pas un style particulier qui est plus efficace qu’un autre, mais plutôt la simplicité des mélodies utilisées.
Vous êtes prof de musique également, depuis combien de temps ?
J’ai été longuement professeure de piano et depuis quelques années, je me suis orientée essentiellement vers l’enseignement pour les enfants qui présentent un autisme ou un handicap associé, notamment en collaboration avec l’association Apte Occitanie. La méthode est donc plus axée sur le développement de l’enfant et sur son potentiel. Donc on travaille au rythme de l’enfant avec ses capacités. Je n’enseigne maintenant qu’aux enfants qui présentent un handicap parce que c’est important de leur permettre le même accès à la musique qu’aux enfants qui n’ont pas de handicap, l’accès aux écoles de musique et conservatoires leur étant souvent restreint.
A quel âge avez-vous commencé la musique ?
J’ai fait sept ans de violon, à partir de l’âge de 5 ans et puis j’ai voulu arrêter, ce que je regrette aujourd’hui ! Mais je voulais faire du piano et ma sœur qui en avait fait quelques années et avait arrêté, m’a appris tout ce qu’elle savait. Elle a été ma première prof de piano, et m’a transmis le goût du piano.
La musicothérapie peut-elle être bénéfique pour tout le monde, ou existe-t-il des contre-indications ?
Oui, je pense qu’elle peut poser un problème pour les personnes qui souffrent d’épilepsie, notamment chez les enfants autistes qui ont des manifestations épileptiques, auxquels la musique pourrait déclencher une crise. Indépendamment des contre-indications, il me semble qu'il est préférable de ne pas insister avec une personne qui ne réagit pas ou n’est pas réceptive à la musique.
Quels sont les plus grands malentendus ou idées fausses sur la musicothérapie ?
Le fait de penser que les musicothérapeutes se contentent d’écouter de la musique et de faire de la relaxation. C’est loin d’être suffisant. Il y a des séances durant lesquelles je ne travaille qu’avec un métronome. Par exemple, avec les enfants autistes, pour travailler le rapport au corps, le métronome leur permettant une réintégration corporelle grâce à un rythme sonore régulier. Cela leur permet de se retrouver dans leur corporalité et d’améliorer leur proprioception, tout en mobilisant également leur attention, c’est un bon outil pour travailler l’aspect cognitif. La seconde mauvaise pensée sur la musicothérapie, je pense que ce serait de croire que c’est magique. Ce n’est pas magique, c’est chimique ! On vient réguler et ordonner tout ce qui se passe dans le cerveau comme un chef d’orchestre.
Avez-vous une anecdote ou un moment amusant vécu lors d’une séance de musicothérapie ?
Oui, une anecdote qui me fait rire maintenant c’était lors d’une séance avec une dame en EHPAD, elle avait du mal à mobiliser sa voix donc j’ai dû lui montrer quelques exercices en face à face et à un moment donné nous étions assez proches et elle m’a sorti un rot gargantuesque, je pense qu’elle sortait d’un repas copieux. Maintenant j’en rigole mais à l’époque, j’en ai eu les larmes aux yeux ! (rires)
Si vous deviez choisir une chanson ou une composition qui vous représente en tant que thérapeute, laquelle choisiriez-vous ?
Je passe tellement de temps à écouter la musique des autres et à produire de la musique pour les patients que, honnêtement, lorsque je suis triste ou énervée, c’est le silence qui me fait du bien. En revanche, quand je termine une journée de boulot, la radio que j’adore c’est FIP.
Et quand vous êtes de bonne humeur, qu'écoutez-vous ?
J’adore écouter Calexico !
Si vous deviez choisir une chanson pour représenter votre profession, ce serait laquelle ?
Je choisirais Stand by me en version originale ou bien la version de Dominique Fils-Aimé.