L’interview de Greg Novan : écrire, composer, et rester soi-même

Auteur-compositeur autodidacte, Greg Novan avance entre folk, rock et chanson française, avec une sincérité qui traverse ses textes comme ses mélodies. Dans cette interview, il revient sur ses débuts, ses influences vintages, son rapport à l’écriture, à la scène, à l’émotion. L’occasion aussi de plonger dans L’Homme Aquarium, son premier album, aussi sensible qu’organique, à écouter d’urgence !

Comment t’es-tu formé à la musique, et quels instruments font partie de ton univers ?

Je suis complètement autodidacte. J’ai pris 3 ou 4 cours de guitare au tout début, mais j’étais tellement passionné que j’ai vite préféré apprendre par moi-même. J’ai commencé la guitare vers 14 ans, puis le piano bien plus tard, il y a 4 ou 5 ans. La guitare reste mon instrument principal : elle me permet de composer librement, c’est là que j’ai le plus d’idées. Le piano, lui, m’accompagne plus sobrement, mais c’est un super complément.

As-tu toujours voulu faire de la musique ?

Dès que j’ai commencé, j’ai senti que c’était intense, j’avais un vrai désir de jouer. Et depuis, il n’y a jamais eu de période où je n’ai pas joué pendant plusieurs jours. C’est une vraie nécessité pour moi.

Ton plus beau souvenir lié à la musique, ce serait lequel ?

Je pense que c’était lors d’un concert. Au milieu, je me suis dit que j’allais descendre dans le public pour faire chanter les gens et j’ai été assez surpris de voir que tout le monde chantait très bien, les gens ont fait plein d’harmonies. C’était sur une de mes chansons, c’était vraiment génial.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer ?

C’est venu avec l’écriture. Je regardais des interviews d’auteurs-compositeurs, et je me suis dit que moi aussi, j’avais des choses à dire, des chansons à écrire. Ça m’a donné envie de créer et de partager.

Comment décrirais-tu ton style musical à celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

C’est un mélange de folk, de rock et de variété française, très influencé par les années 60-70. J’aime les structures pop classiques à la Beatles : couplets, refrains, ponts, solos... Ce sont des formats simples mais efficaces, qui laissent de la place à l’émotion.

Quels artistes t’ont le plus influencé, et qu’est-ce qui t’a parlé chez eux ?

J’ai grandi avec la musique de la fin des années 60 et de début des 70’s, et c’est encore ce que j’écoute le plus. Aujourd’hui, je suis aussi inspiré par des artistes contemporains, surtout ceux qui reprennent cette esthétique vintage que j’adore.

Comment trouves-tu l’inspiration pour écrire et composer ? 

Principalement de mon vécu. J’écris souvent sur la quête de soi, les relations amoureuses, le besoin de s’accomplir.

As-tu des habitudes ou des petits rituels pour composer ?

Non pas du tout, c’est pas du tout mécanique. C’est très instinctif. Il y a des périodes où je suis ultra inspiré, et d’autres où rien ne sort pendant des mois. Mais l’environnement joue beaucoup : fréquenter d’autres musiciens, faire des concerts, ça m’alimente beaucoup.

Comment fais-tu pour composer des chansons, quel est ton fil conducteur ?

Souvent, ça part d’une mélodie à la guitare. Je passe énormément de temps à jouer, à tester des choses, à transformer des morceaux que j’aime. En général, la musique vient d’abord, et les paroles se posent ensuite. Mais parfois c’est l’inverse, même si c’est plus rare. J’ai aucun rythme précis : ça peut être deux chansons en deux jours ou rien pendant des semaines.

Comment as-tu géré ta première scène ?

Les toutes premières, au lycée, c’était avec un groupe, pour le fun. Mais ma première scène sous le nom de Greg Novan, en 2019, là j’étais très stressé. Et puis j’ai lancé un morceau participatif avec le public, et ça m’a complètement détendu. Ce lien avec les gens, c’est ce qui rend un concert vraiment vivant.

As-tu des conseils pour les musiciens débutants qui pourraient stresser de monter sur scène ?

Je dirais qu’il ne faut pas se prendre trop au sérieux. Ce qui permet vraiment au public de se connecter à un artiste, c’est de sentir qu’il est authentique. Il ne faut pas chercher à se donner un style ou à jouer un rôle, mais au contraire rester soi-même. Quand un artiste arrive sur scène avec un “faux self”, ça se voit, et en général ça ne passe pas très bien… sauf si ça fait partie intégrante de son projet artistique, bien sûr.

D'où vient le titre de ton album "L'homme aquarium" ?

En relisant les textes, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de métaphores marines, et une sensation d’enfermement, presque claustrophobique. Et puis j’ai enregistré au Studio Aquarium, donc le titre s’est imposé naturellement. Le premier et le dernier morceau de l’album sont liés, comme une boucle, avec cette même atmosphère.

Préfères-tu travailler seul sur ta musique ou t’entourer d’autres musiciens ?

Ça dépend. J’aime les deux ! Pour les morceaux très acoustiques, j’aime travailler seul. Mais dès qu’il y a des besoins plus techniques, batterie, mixage complexe, je m’entoure d’autres musiciens. C’est selon les besoins du morceau.

Penses-tu que la musique a un rôle social ou politique à jouer aujourd’hui ?

Oui, bien sûr. Mais je pense aussi que les artistes ne sont pas obligés de parler politique en permanence. Je pense que par la musique on doit partager un sentiment de fraternité, de force et d’unité.

Y'a-t-il des sujets qui te tiennent à cœur et sur lesquels tu aimerais écrire ?

Oui, notamment la capacité à accéder à ses émotions, ou pas. C’est un vrai sujet : il y a des moments où on est exalté, et d’autres où on est complètement bloqué dans notre bulle. Ce genre de “mood swings”, je n’ai encore jamais écrit dessus, mais ça me tente beaucoup.

Quel mood t’inspire le plus quand tu écris : plutôt positif ou plutôt sombre ?

J’ai connu les deux, et dans l’ensemble ça fonctionne dans les deux cas. Mais c’est vrai que quand j’ai vraiment accès à mes émotions, c’est beaucoup plus facile d’écrire. Donc je dirais que l’enthousiasme favorise davantage la création. Cela dit, il m’est arrivé d’écrire des choses alors que j’étais plutôt “down”. Mais quand je suis vraiment déprimé, c’est compliqué : je n’arrive plus à sortir quoi que ce soit. Je ressens une sorte de blocage, comme si mes émotions étaient inaccessibles. Je peux en parler, mais je ne parviens pas à les transformer en chansons.

As-tu des dates prévues prochainement ?

Pas pour l’instant. J’ai fait pas mal de dates autour de la sortie de l’album. Là je suis plus dans une phase de création, j’ai plein d’idées mais je ne sais pas encore où ça va me mener. Il y a quelques pistes de collaborations aussi, dans des styles un peu différents.

Y’a-t-il des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ?

Il y en a plein, mais souvent ce sont des artistes qui sont très établis… et que je ne connais pas personnellement. Alors c’est un rêve lointain, mais pourquoi pas un jour !

Quelle chanson de ton répertoire te ressemble le plus aujourd’hui, et pourquoi ?

Je dirais Random Ride, le troisième morceau. Il reflète bien ma personnalité : parfois très introvertie et observatrice, et d’autres fois beaucoup plus explosive.

Si tu devais choisir un album à écouter jusqu’à la fin de ta vie, ce serait lequel ?

Je me rends compte que les albums que j’écoute et que j’adore sont quand même down tempo, assez mélancolique, donc si je devais les écouter jusqu’à la fin de ma vie, ce serait peut-être un peu déprimant. Mais je pense à l’album Fanfare de Jonathan Wilson. C’est un mélange sublime de folk et de rock progressif. Il a réussi à faire un album très riche, avec des morceaux magnifiques. Je l’ai en vinyle, je l’ai écouté des centaines de fois… et je ne m’en lasse pas.

Si tu pouvais ramener un artiste du passé le temps d’un duo, ce serait qui ?

La plupart des artistes que j’écoute sont malheureusement décédés… Mais dans la lignée de ce qu’on disait, si je pouvais choisir, j’adorerais écrire une chanson avec Michel Berger. Pour moi, c’est l’un des plus grands auteurs-compositeurs qu’on ait eus en France. Il y avait une vraie intensité dans tout ce qu’il faisait, une sensibilité à fleur de peau, très touchante. C’était quelqu’un de profondément doué et sensible. Travailler avec lui, ça aurait été une expérience incroyable.

Pour finir, que représente la musique pour toi ?

La musique, c’est le moyen que j’ai trouvé pour dire certaines choses que je n’arrive pas à exprimer autrement. Et c’est aussi ce qui me permet le mieux de me connecter aux autres.

L’Homme Aquarium est dispo partout : foncez !

Avec L’Homme Aquarium, Greg Novan propose un premier album tout en nuances, entre douceur mélodique et tension intérieure.

Il y explore des sensations souvent floues, entre isolement et ouverture au monde, avec une écriture sensible et des arrangements qui laissent respirer l’émotion. Un projet sincère, qui mérite une écoute attentive, au casque, dans le calme, ou en fond d’un trajet solitaire. Pour suivre ses actus, ses concerts et ses prochaines compositions, vous pouvez le retrouver sur Instagram @gregnovan, et streamer l’album dès maintenant sur toutes les plateformes.