L'interview de Luna, quand la vulnérabilité devient mélodie

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L'interview de Luna, quand la vulnérabilité devient mélodie ...

Depuis ses débuts sur les planches enfantines jusqu’à ses premiers pas en solo, Luna a fait de la scène un refuge et un terrain de vérité. Formée au théâtre musical, passée par le duo électro-pop Brumes, elle se dévoile aujourd’hui seule, entre vulnérabilité et force tranquille. Ses titres Hurricane et Une fois par semaine révèlent une plume sincère et un regard moderne sur les relations et les émotions.

Formation & apprentissage

Te souviens-tu du moment où tu t’es dit que tu voulais faire de la musique ?

Je crois que j’ai su très tôt que je voulais être sur scène. J’ai commencé le théâtre à quatre ans et demi, et on faisait déjà des spectacles avec des chansons. Donc j’ai chanté assez jeune.
Mais le moment où j’ai vraiment compris que je voulais en faire mon métier, c’était lors de ma première scène uniquement musicale, sans théâtre. Juste moi et la musique. C’est là que je me suis dit : « C’est ça, c’est ce que je veux faire. »

Tu as été formée au chant dès l’enfance : c’était dans un conservatoire, une école privée ou de manière autodidacte avec ta famille ?

C’était dans une association où je faisais du théâtre musical. Il y avait aussi des cours de chant, et j’ai commencé comme ça. J’ai ensuite pris mes premiers vrais cours de chant vers 13-14 ans.

Quelles ont été les étapes clés de ton apprentissage musical ? Y a-t-il un moment où tout a vraiment basculé pour toi ?

Les cours de chant, en groupe et en solo, ont été essentiels. Chanter à plusieurs, c’est une expérience très forte : ça pousse, ça porte, c’est vraiment puissant.

Ensuite, j’ai monté un duo d’électro-pop avec un ami, Brumes. C’était la première fois que j’écrivais à deux, et surtout que je partageais mes propres textes. Ce projet m’a donné des bases solides pour ma carrière solo.
Et puis il y a eu un festival organisé par mon ancienne asso : c’était la première fois que je chantais mes chansons devant mes proches. J’avais déjà chanté devant des inconnus, mais là, le regard des gens que j’aimais me rendait beaucoup plus nerveuse.

Y a-t-il une personne (prof, mentor, chorale, parent…) qui a joué un rôle décisif dans ta formation musicale ?

Oui, mon prof de chant, Fabien. Il m’a énormément poussée. C’est lui qui m’a fait comprendre que je pouvais chanter, que je devais chanter. Je ne me serais peut-être jamais vue chanteuse sans son encouragement.

Tu te souviens de ta toute première scène ou audition ? Comment ça s’est passé ?

J’en ai eu deux marquantes. La première, c’était dans un petit club intimiste, une vingtaine de personnes. Un ami de mon père avait invité des tourneurs, et ils ont aimé.
La deuxième, c’était en première partie d’Albin de la Simone, à Tours, devant 600 personnes. Les deux étaient très différentes : la première très intime et stressante, la seconde plus grande mais moins angoissante... même si je m’étais brûlé deux doigts avec mon fer à repasser le matin ! Comme je devais jouer à la guitare, c’était un vrai stress. Finalement, je me suis surtout inquiétée pour mes doigts, et j’ai oublié le trac du concert (rires).

Y’a-t-il des conseils, des petits rituels pour gérer le stress avant la scène ?

Ça dépend du stress. Le stress profond, celui qui prend à la gorge, est difficile à apaiser.
Mais j’essaie toujours de respirer profondément pour calmer le rythme de mon cœur. Et depuis peu, je me concentre sur le plaisir que je vais ressentir une fois sur scène. Je me dis que le stress est normal : il fait partie du don de jeu mais qu’après, il y aura ce moment de joie partagée.

Est-ce qu’il y a eu des moments de doute ou de fatigue pendant ta formation ? Qu’est-ce qui t’a permis de continuer ?

Bien sûr, énormément. C’est très compliqué d’avoir des certitudes dans ce métier. Il y a des domaines où on sait si ce qu’on fait est bien ou pas, mais dans la musique — et dans l’art en général — c’est différent, parce que plein de gens vont aimer, et plein d’autres vont détester.
Tout repose sur l’opinion des autres, donc c’est impossible de n’avoir aucun doute.

J’essaie toujours de faire en sorte que, quand quelqu’un écoute, même si ce n’est pas dans ses goûts, il puisse se dire : « OK, c’est pas mon style, mais c’est bien fait. » Qu’il reconnaisse au moins la qualité du travail.

J’essaie aussi de prendre et de garder en tête tous les bons retours qu’on me fait. C’est difficile, parce que parfois on les entend sans vraiment les entendre. Mais je pense que tous les bons retours, les compliments, les belles choses qu’on nous dit, il faut vraiment les écouter, les garder quelque part en soi. Comme ça, quand on est en galère, quand on panique, on peut aller les retrouver, s’en servir et s’en nourrir pour continuer à avancer.

Je me dis que s’il y a des gens qui n’aiment pas, c’est normal mais il y en a aussi qui aiment, qui soutiennent, qui sont derrière, et ça suffit.
Et puis, il faut se rappeler pourquoi on a envie de faire ça : pourquoi on a commencé à écrire, ce qui nous porte. En général, quand on se reconnecte à ça, et qu’on pense aux bonnes personnes derrière nous, ça suffit à redonner du courage.

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Quelle est l’histoire de ton projet solo ? À quel moment as-tu senti que tu devais chanter en ton nom propre ?

Ce projet existait depuis longtemps, mais j’avais peur de le sortir. Peur qu’il ne soit pas compris, ou mal reçu.
J’ai traversé une période émotionnellement compliquée, et je savais qu’un projet aussi intime pouvait être difficile à défendre si les retours étaient négatifs. Alors j’ai attendu.
Je me suis concentrée sur Brumes, qui était aussi un espace d’expression, mais plus collectif.
Et quand j’ai senti que j’étais prête, que l’envie était plus forte que la peur, j’ai décidé d’y aller.

Tu fais aussi partie du groupe Brumes : comment gères-tu l’équilibre entre le collectif et ta voix individuelle ?

Oui, le groupe existe toujours, mais mon camarade de scène est interne en médecine, donc il a peu de temps. Et moi, je me concentre sur mon projet solo.
Mais c’est un duo que j’aime profondément. Si on a l’occasion de rejouer ou d’écrire ensemble, on le fera. C’est un projet fondé sur le plaisir et la complicité.

Autour des chansons “Hurricane” & “Une fois par semaine”

“Hurricane” est ton premier single solo. Qu’est-ce qui t’a poussée à commencer par cette chanson là ?

C’est une chanson que j’ai écrite pendant la période Covid. C’était une période difficile, parce que j’étais loin de mes proches — j’étais à Londres — et je ne pouvais pas rentrer pour être là avec eux. Je savais qu’ils n’allaient pas bien, et je ne pouvais rien faire. C’est vraiment parti de ce sentiment d’impuissance face à des choses que je ne pouvais pas régler.

Beaucoup de mes chansons naissent de ce trop-plein d’émotions, de ces moments où je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens. Alors je me dis : « Tiens, ce serait bien d’essayer. » D’essayer de trouver comment dire telle sensation, comment la décrire, ou de poser sur le papier une situation qui me pèse.

J’ai besoin de mettre tout ça quelque part, de le déposer, et ensuite je vois si, en y ajoutant une jolie mélodie, ça fonctionne.

La chanson “Une fois par semaine” semble évoquer l’amour libre, l’attente, l’incompréhension : qu’est-ce que tu voulais y raconter exactement ?

C’est une chanson d’amour à l’amour. Elle parle d’un type de relation assez moderne, qu’on connaît et qu’on comprend de plus en plus aujourd’hui : ces relations entre deux personnes qui ne sont pas vraiment des amours, pas vraiment des amis, mais un peu des deux à la fois, et qui peuvent prendre tellement de formes différentes.

On vit à une époque où on ne se met plus forcément avec quelqu’un pour se marier ou pour fonder une famille. Et surtout, ce dont je parle, ce sont les relations que je connais : des relations queer, pour lesquelles le sujet de la procréation naturelle est encore plus complexe, à bien des égards. Ce n’est plus ça, le cœur du sujet — c’est juste de s’aimer pour s’aimer.

Cette chanson parle du flou qu’il peut y avoir dans certaines relations. J’ai plein d’amis, avec des histoires et des situations différentes, et beaucoup m’ont dit qu’ils se reconnaissaient complètement dans ce morceau, avec telle ou telle personne.

Je pense que les relations aujourd’hui peuvent être multiples, qu’elles soient amoureuses ou amicales. Et je trouve que c’est beau de brouiller un peu ces limites là, parce que c’est aussi ça, les relations humaines : il n’y a pas de barrières clairement établies.

Il n’y a pas tant de chansons qui parlent de ça, je trouve. Ça change des chansons d’amour monogames, où c’est toi et moi, uniquement, pour toujours. Là, ce n’est pas ça. C’est une chanson pour des gens qu’on aime fort, mais pas forcément pour toujours.

Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement de ces morceaux ? 

Pour Hurricane, j’ai travaillé avec un producteur et ingénieur du son très bienveillant, déjà présent sur le projet Brumes. Il m’a permis de renouer avec le plaisir du processus après une mauvaise expérience avec un autre producteur.
Pour Une fois par semaine, j’ai collaboré avec Caméléon, à Paris. Je suis arrivée avec une maquette que je trouvais un peu datée. Il l’a écoutée, a retouché quelques éléments, et soudain, la chanson était mille fois plus moderne, plus vivante.
On n’avait rien perdu de son essence, au contraire, on avait trouvé son juste équilibre.

✍️ Écriture & création

Avec ses premiers titres, Luna dévoile un univers à la fois clair et trouble — un mélange d’intimité et de force tranquille. Ses chansons ressemblent à des confidences murmurées dans la pénombre, où l’on parle d’amour, de distance et de ces zones floues où les sentiments échappent aux définitions.

Quand tu écris, tu commences plutôt par les mots, une mélodie, ou une émotion ?

On me pose souvent cette question. Parfois, ça part d’une émotion : je me dis « OK, là je ressens ça, où est-ce que ça m’emmène ? »
Et parfois, c’est une mélodie qui me vient, parce que j’entends quelque chose et je me dis « tiens, comment je continuerais ça ? »
Alors j’essaie de trouver les accords qui vont avec.
L’impulsion peut venir de l’un comme de l’autre — c’est complètement aléatoire.

Quelle place laisses-tu à la vulnérabilité dans tes textes ? Est-ce que c’est facile pour toi de te livrer ?

J’écris surtout des textes vulnérables. Il y a beaucoup de fragilité dedans, puisque j’y parle de moi — forcément, je me mets à nu d’une certaine manière, je me rends visible, donc exposée au regard des autres.

En même temps, même si ce n’est pas toujours facile à faire, il y a d’ailleurs plusieurs chansons que je n’ai pas encore sorties, et que je ne sais pas si je sortirai un jour, il y a un vrai côté thérapeutique dans tout ça. Après, j’essaie de ne pas toujours écrire sur moi, parce qu’au bout d’un moment, les gens vont peut-être en avoir marre (rires).

Y'a-t-il une phrase ou un passage dans tes chansons dont tu es particulièrement fière ?

Peut-être une phrase qui me vient, et dont on m’a souvent parlé. Dans le titre “Une fois par semaine”, je dis : « Si demain c’est terminé et que chacune a repris son chemin, je voudrais que tu gardes mon numéro, tu sais demain c’est loin. »

L’idée que demain, c’est loin, c’est vrai — mais on peut y réfléchir plus tard. On peut encore se laisser du temps, profiter du moment présent.
C’est toujours cette idée qu’on sait que quelque chose finira peut-être par arriver, mais qu’il y a tellement à vivre d’ici là.

Tu écris seule ou tu es entourée d’auteurs/compositeurs avec qui tu collabores ?

J’ai beaucoup de mal à écrire à plusieurs, même si j’ai déjà coécrit avec mon binôme de Brumes.

Mais pour mes chansons en solo, c’est une manière d’écrire très personnelle, très intime, que j’aurais du mal à partager avec quelqu’un d’autre. Cela dit, ça m’intéresse ! J’aimerais bien voir comment différentes inspirations peuvent se mélanger, et comment se mettre des contraintes qui ne viennent pas forcément de moi pourrait faire fonctionner autre chose, ouvrir de nouvelles portes.

Univers, influences & visuel

Loin des étiquettes, Luna compose un univers à son image : sincère, curieux, multiple. Elle emprunte à la pop, à la folk et à l’électro la liberté de ton qu’elle revendique, tout en gardant cette écriture à cœur ouvert qui fait la singularité de ses morceaux.

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Si tu devais décrire ton univers musical en trois mots, ce serait lesquels ?

Je ne sais pas, c’est super difficile comme question et puis je n’ai pas envie de m’enfermer dans des cases mais si je dois vraiment choisir, je dirais que c’est intimiste, sincère parce que même quand je prends un seul élément et qu’ensuite j’extrapole c’est toujours sincère et…. Pfff 3 mots c’est dur !!

Génial ! Génial, c’est bien comme troisième mot, non ?

Ahah il ne faudra pas dire que ça vient de moi !

Qui sont les artistes qui t’ont donné envie de chanter, ou qui te nourrissent encore aujourd’hui ?

Parfois, je prends l’inspiration d’une seule chanson qui m’intéresse, sans forcément écouter tout le reste du travail de l’artiste.

J’écoute aussi beaucoup de choses très variées, qui ne sont pas du tout dans mon style — donc je ne sais pas si ça m’inspire directement, mais ça m’enrichit d’une autre manière.

J’aime beaucoup Charlotte Cardin, qui a une façon de faire des chansons très efficaces avec seulement quatre accords — je trouve ça impressionnant.
J’aime aussi Solann, qui écrit vraiment très bien, et Raye, une artiste britannique incroyable, avec une voix merveilleuse. Elle se fait de plus en plus connaître, et elle écrit des chansons sublimes.

Quelle émotion aimerais-tu que les gens ressentent en t’écoutant ?

Toutes les chansons ne sont pas faites pour tout le monde, bien sûr, mais j’écris aussi pour celles et ceux qui ne se sentent pas forcément reconnus comme les autres. Il y a beaucoup de gens qui manquent de ça. J’aimerais qu’ils comprennent qu’à l’endroit où ils pensaient être seuls, en réalité, on est nombreux.

🎧 Technique & coulisses

Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi dans le métier de musicienne aujourd’hui ?

Il y a énormément de difficultés ! C’est un métier très compliqué, surtout en tant que femme. Il faut vraiment s’accrocher pour tenir bon là-dedans.

C’est difficile de se faire connaître, de se faire entendre, de se faire respecter.
Beaucoup de choses qu’on présente comme étant faites pour les jeunes artistes ne le sont pas vraiment : en réalité, elles profitent plutôt à des artistes déjà confirmés, ou à des gens qui connaissent les bonnes personnes.

Du coup, c’est très compliqué de trouver sa place, de trouver son identité à soi. Il faut réussir à ne pas ressembler aux autres, sans pour autant partir dans quelque chose qui ne parle à personne.
C’est aussi compliqué de trouver l’équilibre entre ce qu’on veut soi-même et ce que veut le public : il faut savoir l’écouter, sans se perdre.

Il y a donc beaucoup de défis, et il faut s’accrocher — autant émotionnellement que moralement.

🚀 Présent & avenir

Est-ce qu’un EP ou un album est en préparation derrière ces deux premiers singles ?

Pas d’album pour l’instant. Peut-être un EP plus tard, mais j’ai d’abord envie de sortir quelques singles, un par un, pour qu’ils aient chacun leur moment.

Tu aimerais collaborer avec qui si tu pouvais choisir n’importe quel artiste ?

Probablement avec certaines artistes que j’ai citées. C’est sûr que j’aimerais travailler avec des femmes, il y a tellement de musiciennes talentueuses aujourd’hui, c’est avec elles que j’ai envie de créer.

Est-ce que la scène est prévue bientôt ?

Oui ! Je joue à Suresnes le 6 décembre, avec deux ou trois autres groupes, et le 3 mars à Solo, à Paris — cette fois, ce sera mon propre concert.

Si tu pouvais laisser un message aux personnes qui viennent de te découvrir grâce à “Hurricane” ou “Une fois par semaine”, ce serait quoi ?

Restez dans le coin ! J’ai encore plein de choses à partager, et j’espère qu’on se retrouvera nombreux sur le chemin.

Dans un paysage musical souvent formaté, Luna trace une voie sensible et honnête. Ses chansons ne cherchent pas à plaire à tout prix, mais à toucher juste — là où l’on ne s’y attend pas. Une jeune artiste à suivre de près, pour la beauté de ce qu’elle dit… et pour la justesse de la façon dont elle le dit. Retrouvez la sur les plateformes et sur ses réseaux sociaux.

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