Auteur d’une méthode d’apprentissage intitulée Violon bleu, Marc est un passionné de musique ayant débuté et progressé en autodidacte. Féru des instruments à cordes, il a développé un amour grandissant pour le violon lorsqu’à 30 ans, il a décidé d’apprendre à en jouer. D’après Marc et contrairement aux rumeurs qui courent, le violon serait un instrument populaire pour lequel l’apprentissage du solfège n’est pas indispensable ! Découvrez dans cette interview le parcours d’un prof pas comme les autres qui sait tout du violon jusqu’aux détails les plus précis de son histoire.
A quel âge avez-vous commencé la musique et de quelle façon ?
J’ai commencé au collège avec une bande de copains, nous habitions dans des quartiers HLM et avions peu d’activités pour nous occuper. Nous avons donc décidé d’apprendre à faire de la musique. On ne faisait pas ce que l’on appelle maintenant des « covers », on écrivait nos textes et on composait notre propre musique. J’ai commencé par apprendre à jouer de la mandoline, puis de la guitare et de l’harmonica. Je n’ai jamais pris un seul cours de musique, je n’ai fait que de l’apprentissage autodidacte à 100 %, juste à l’oreille. On écoutait des vinyles qui étaient accessibles via une bibliothèque dans laquelle on pouvait les emprunter sans les acheter. On passait donc les disques et on mettait pause en ralentissant les platines à la main le temps de réécouter pour reproduire. On ne connaissait même pas l’existence du solfège.
Depuis longtemps, vous jouez dans un groupe de musique celtique, comment cette aventure a commencé ?
Tout a commencé avec le début de l’apprentissage du violon. J’ai débuté vers l’âge de 30 ans lorsque j’ai découvert que le violon était à l’origine un instrument populaire contrairement à l’image qu’il a en France. Au départ, c’est un instrument qui a pour but de faire danser les gens en produisant de la musique festive. Il existe beaucoup de compositions au violon de différents pays non occidentaux. C’est à partir de là que j’ai découvert la musique celtique et que je me suis mis à créer doucement avec un groupe qui s’appelle Urban Folky et qui a maintenant plus de vingt ans ! Nous avons fait beaucoup de concerts et de festivals, toujours dans un esprit joyeux et festif. En général nous sommes 4 sur scène mais parfois 6 en fonction du budget et des opportunités. Ces concerts m’ont permis de beaucoup voyager et de découvrir des endroits et des gens que je n’aurais jamais vus sinon.
Depuis quand enseignez-vous et combien d’élèves avez-vous eus depuis le début ?
Il faut savoir qu’à la base je suis professeur de technologie en collège, donc la pédagogie c’est un peu toute ma vie. En parallèle, j’animais un club de musique pour les élèves qui souhaitaient faire de la musique en groupe. J’avais donc une salle avec pas mal d’instruments et j’apprenais aux élèves à s’en servir, sans solfège. Je n’inclus pas le solfège dans mes cours, je préfère montrer que faire lire la musique, un peu comme dans la tradition gitane où l’on montre et les élèves tentent de reproduire à l’oreille. Le but est de mettre tout de suite le pied à l’étrier pour faire naitre immédiatement le plaisir de jouer et de savoir-faire. A partir de là, j’apporte des missions plus techniques et théoriques, quand la personne trouve déjà intéressant et amusant de jouer. C’est seulement à ce moment là que l’on peut se lancer dans des techniques plus difficiles. J’ignore combien j’ai eu d’élèves depuis tout ce temps, je dirais entre 100 et 200.
Que vous apporte l’enseignement de la musique ?
Premièrement revoir les bases ! C’est quelque chose que l’on est obligé de faire lorsque l’on enseigne et c’est indispensable même pour quelqu’un qui sait jouer mais on a tendance à l’oublier. C’est pourtant la base de la musique : vérifier que les fondations sont toujours solides pour la suite. Enseigner permet de retravailler les bases et de s’apercevoir qu’une même note peut être jouée de mille façons différentes avec un archet. On peut faire quelque chose de très sophistiqué avec une simple note.
Sur le plan humain, c’est toujours très intéressant de rencontrer des élèves d’horizons et de parcours variés. Cela permet de découvrir de nouvelles cultures, d’autres univers musicaux et de comprendre davantage sur la musique et son histoire. On enrichit son univers musical, la technique et on s’améliore.
Quel est l’instrument que vous préférez pratiquer ?
Le violon surtout, mais je joue également de la guitare, de l’harmonica et de temps en temps des cuillères pour travailler le rythme qui accompagne le musicien mais je préfère surtout les instruments à cordes comme le violon et la mandoline. J’affectionne surtout le violon parce que c’est une réussite de savoir jouer en ayant appris seul alors qu’on nous répète qu’il faut commencer très jeune pour y parvenir. Je pense que c’est important pour les débutants de voir que certains musiciens n’ont pas ce parcours et y parviennent.
En France, ce type d’idées reçues décourage beaucoup de musiciens et musiciennes débutantes alors que le violon n’est pas voué uniquement à la musique classique, il peut au contraire être un instrument populaire de choix pour s’amuser. Je pense que beaucoup d’instruments sont difficiles à maitriser, mais cela dépend surtout des capacités de chacun, parfois des capacités insoupçonnées !
Qu’est-ce qui vous plait dans l’enseignement avec Allegro Musique ?
Je pense qu’il y a des gens qui souhaitent un enseignement classique et d’autres qui préfèrent un enseignement plus souple ou des cours de musique à la carte, ce qui n’est pas toujours possible à côté de chez soi. Il existe tellement de façons d’enseigner la musique qu’il faut parfois faire plusieurs tentatives pour trouver le prof qui convient à ce que l’on cherche. Allegro Musique propose plusieurs professeurs aux approches et pédagogies différentes, ce qui permet à l’élève de plus facilement trouver un prof qui correspond à sa vision pédagogique : académique ou ludique ? Avec ou sans solfège ? Un prof qui s’adapte à l’élève ou un prof qui attend de l’élève qu’il s’accorde à lui, il faut tomber sur la bonne personne et Allegro Musique propose une souplesse qui est appréciable et permet de varier.
Votre méthode repose sur l’absence de solfège, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai construit une méthode appelée Violon bleu, tout au long de mon apprentissage. J’y ai noté des notions de musique car je jouais beaucoup à l’époque bien que je n’aie pas encore appris le violon. J’ai acheté mon premier violon sur une brocante et j’ai découvert seul comment il fonctionnait. J’ai dû le réparer car il était vieux et abimé, j’ai remonté l’archet de mes mains. Ensuite j’ai noté toutes mes découvertes, tous les éléments importants, ce qu’il était intéressant de pratiquer et qui permettait d’évoluer. En m’inspirant d’une méthode pour guitare sans solfège, j’ai créé la méthode violon bleu que j’ai ensuite commencé à montrer aux gens lorsqu’il y a eu l’arrivée d’internet. Je recevais beaucoup de commandes et au départ je l’envoyais gratuitement en échange d’une carte postale. J’ai reçu à cette époque des cartes postales du monde entier et puis j’ai vite été dépassé par le nombre de demandes alors j’ai auto-édité ma méthode et maintenant elle est disponible sur Amazon directement. J’ai fait évoluer la méthode au fil de mes échanges avec les gens et de leurs retours, notamment face à des difficultés que je n’avais pas perçues. Mais ma carrière de musicien a beaucoup tourné autour de l’histoire du violon, je voulais tout savoir, j’ai voyagé avec l’idée de récolter un maximum d’informations puis j’ai écrit Million de dollars Stradivarius qui retrace mes découvertes sur le sujet.
Quelle est selon vous la meilleure approche pour donner le goût de la musique à des débutants ?
Faire jouer ! La personne va d’abord entendre, se dire « ça me plait » et vouloir reproduire. Souvent lors des festivals et concerts, les enfants viennent me voir et je leur tends mon violon en leur disant d’essayer. Il faut jouer pour aimer la musique et aimer l’apprentissage, ce n’est pas nécessaire de parler musique, il faut jouer. Lorsque les enfants et même les adultes sont intrigués par la musique, on ne peut pas leur dire d’apprendre d’abord le solfège, ils s’en fichent ! Ils veulent entendre la note, rentrer dans la pratique. Quand j’ai créé ma méthode, j’ai reçu beaucoup de critiques mais il suffit d’aller voir en Irlande, au Japon ou dans certains pays d’Afrique, ils ne passent pas par un conservatoire et ils savent jouer. Certes, ils ne jouent pas de musique classique mais ce n’est pas forcément ce que recherchent les élèves qui veulent apprendre le violon. Certains sont comme moi, ils adorent la musique classique mais n’ont pas envie pour autant d’en jouer et préfèrent faire danser les gens.
Quel est votre meilleur souvenir en rapport avec la musique ?
J’en ai bien trop pour choisir un préféré, la musique me permet de découvrir des lieux et des personnes que je n’aurais jamais vus sans elle. J’ai énormément de souvenir, notamment d’enfants qui viennent me voir à la fin des concerts pour me demander « c’est quoi cette guitare ? » et qui découvrent le violon ! Evidemment, j’ai rencontré de très grands artistes, pas forcément violonistes, avec qui je garde de très bons souvenirs. Pour moi la musique n’a jamais été un but, elle a toujours été un moyen. Elle permet de créer du lien et bien sûr je prends beaucoup de plaisir à jouer ! C’est fantastique de créer un son en frottant l’archet, tout ce qui est possible de faire avec un violon c’est tellement formidable. Il n’y a pas de limites entre les notes ce qui laisse ouvert le champ des possibles, puis c’est un petit instrument qu’il est facile de transporter et qui s’adapte à tous les répertoires.
Comment vous préparez-vous avant d’entrer sur scène pour gérer le stress potentiel ?
Le stress, je ne crois pas que ce soit quelque chose que l’on peut gérer de façon technique. Je n’ai jamais eu ce sentiment avant d’entrer sur scène et j’avais 12 ou 13 ans quand j’ai commencé. Je crois que c’est parce que je n’ai jamais eu d’épreuves musicales à passer, je me disais juste « enfin ! » quand il était temps d’y aller, ce n’était pas une angoisse. Peut-être parce que je n’ai passé aucun concours comme c’est le cas dans les conservatoires. Je n’ai jamais été jugé sur ma musique donc ça ne m’a pas créé de tension, tandis que lorsque l’on monte sur scène dans l’optique d’être évalué, c’est ce que l’on a en tête en premier. Or le but de la musique et de la scène, c’est de se faire plaisir et de faire plaisir au public. Il peut y avoir des erreurs, mais ce n’est pas grave, c’est du direct, de l’échange et il faut prendre plaisir. Bien sûr se préparer permet de gagner en assurance, mais ensuite c’est la répétition de la scène qui chasse les appréhensions. Jouer une fois par an sur scène peut être stressant mais l’habitude permet de dédramatiser sans se mettre la pression. Une erreur est toujours une occasion de s’améliorer pour les fois suivantes et le cerveau est si puissant qu’il permet de jouer de la musique sans avoir à penser, les doigts retrouvent les notes, c’est pour cette raison aussi que c’est plus créatif de jouer sans partition : la partition capte une partie de notre attention alors que sans, le musicien est plus en phase avec son public et vit davantage la musique. Il y a une espèce de travail de mémoire qui permet une certaine liberté d’interprétation sans le souci de lecture. Si la partition peut parfois aider à compenser un manque, je la vois davantage comme un boulet qui empêche la créativité de s’épanouir. La musique doit être une conversation, un dialogue pas un monologue, on peut adapter en fonction de la réaction du public et c’est possible plus facilement sans avoir les yeux sur la partition.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut débuter la musique ?
Je pense que tout dépend de chaque personne. On m’aurait dit « tu vas jouer de la trompette » je pense que je n’aurais jamais réussi et pourtant j’adore la trompette et j’ai rencontré beaucoup de grands trompettistes. Mais il faut trouver une résonnance entre le corps de la personne et l’instrument, qu’il y ait quelque chose qui fonctionne entre les deux. Par exemple, j’adore le piano mais je n’ai jamais ressenti pour cet instrument ce que je ressens pour le violon. Trouver l’instrument qui nous correspond c’est le meilleur moyen de prendre plaisir dans la musique ! Ensuite, il sera toujours possible d’apprendre à jouer, pas forcément comme un virtuose, mais assez pour se faire plaisir parce qu’il y aura une sorte de symbiose avec l’instrument et ce ne sera pas un problème de jouer deux ou trois heures d’affilée sans se lasser.
Enseignez-vous de la même façon aux enfants qu’aux adultes ?
Non, pas du tout ! L’enfant n’a pas la possibilité de s’appuyer sur la lecture donc il est plus alerte durant les cours, j’essaie de lui montrer par le biais de dessins mais la plupart du temps je fais faire, proposer la pratique directement est plus pratique pour que l’exercice reste dans la mémoire de l’enfant. Il n’aura pas la possibilité de relire après le cours donc il faut prendre en compte cette barrière. Pour cela, je passe par le biais des comptines pour enfants, comme celles qu’ils apprennent à l’école. S’adapter à leur univers permet de faire de l’apprentissage une sorte de jeu. Il faut absolument que ce soit ludique pour les enfants. Pour cela j’ai créé la méthode « Violon comptines célèbres ». Pour les adultes, je questionne toujours l’élève pour comprendre son projet, son objectif ce qui me permet de m’orienter plus facilement vers des musiques qu’ils aiment. Ensuite la méthode reste la même : initier à la pratique en fonction de ce qu’ils aiment et de leur façon d’entrevoir la musique. En général je les fais travailler sur Joyeux Anniversaire parce que c’est une mélodie que tout le monde connait, tout à fait adaptée au violon et qu’ils pourront jouer en famille et adapter en fonction de leur progression, plus ils la joueront et plus ils s’amélioreront. Le fait de la jouer pour leurs proches est aussi un bon point pour les motiver et leur apprendre à « jouer pour les autres » et pas seulement pour soi.
Si vous pouviez choisir n’importe quel artiste avec lequel jouer, qui serait votre choix ?
J’ai eu l’occasion de jouer avec de nombreux artistes que j’admire mais je crois que les artistes de ma famille sont ceux avec lesquels j’aime le plus jouer et ceux qui me procure le plus de plaisir. Cela créé une communication différente : jouer avec ses enfants et ses petits-enfants c’est fantastique. Jouer avec des artistes connus, c’est très agréable pour la fierté mais jouer avec sa famille c’est énorme !