Du choix de l’instrument à celui des morceaux interprétés en passant par la posture prise pour jouer, le style de musique de référence d’un musicien influence jusqu’à son look vestimentaire. Loin d’être une lubie d’artiste, cet ensemble de stratégies permet d’exprimer une personnalité unique, qui peut tout aussi bien emprunter à plusieurs univers.
Pourquoi est-ce important de connaitre les différents styles en guitare ?
L’ensemble de la théorie musicale, sous la forme du solfège, est la même pour la musique classique ou le rock ‘n’ roll, et même pour le flamenco et le métal symphonique. Cependant, chaque style présente des particularités techniques qui lui sont propres, qu’il convient de connaitre si vous souhaitez reprendre des morceaux de ce registre. L’improvisation au jazz sur des accords complexes, les rythmiques endiablées de la musique espagnole, la saturation maîtrisée du hard rock sont autant de points incontournables qui font de chaque style un véritable domaine de connaissance.
Bien qu’il soit judicieux en tant que débutant de tenter différentes manières de jouer, le guitariste professionnel se doit de trouver son identité en dominant à la perfection les techniques appropriées. En suivant des cours particuliers à domicile de guitare, vous pourrez demander à votre professeur de vous faire découvrir plusieurs styles, pour repérer celui qui semble le mieux vous correspondre. Pour vous aider à appréhender les spécificités de chacun, voici un résumé des grands genres musicaux joués à la guitare, et leurs principales caractéristiques.
Le classique en guitare, une base solide et exigeante
De nombreux guitaristes ont débuté avec des cours de musique classique, comme au piano ou au violon. En effet, le classique permet d’ancrer des notions de solfège utiles dans tous les milieux, et d’améliorer sa technique sous tous ses aspects. Cette voie, jugée la plus difficile avec le jazz, apporte toutefois une maîtrise complète et précise de l’instrument, ainsi que de la musique en générale.
Les techniques spécifiques du classique
Les guitares classiques conservent leur douceur et leur musicalité par l’usage quasiment exclusif de la technique des doigts pincés. Les arpèges ainsi produits s’organisent avec une belle liaison, plus difficile à effectuer en utilisant un médiator.
Du côté des morceaux classiques pour guitare seule, on retrouve des pièces qui mêlent accompagnement et ligne mélodique dans le même instrument. La difficulté réside donc dans l’acte de bien faire entendre les notes principales tout en assurant la base régulière. La position adoptée dans le classique rejoint celle des joueurs de flamenco, avec un manche bien relevé et une caisse calée entre les cuisses.
Source YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=N3_Kmd3lWsQ
Il faut également connaitre la musique, et particulièrement le solfège, car les partitions de guitare classique se rédigent normalement sur des portées, et non sur des tablatures.
Choisir une guitare pour jouer de la musique classique
La guitare acoustique, c’est-à-dire non électrique, est l’instrument le mieux adapté pour l’interprétation de morceaux classiques. Dans les orchestres, on retrouve généralement des modèles issus d’artisans luthiers : Antonio de Torres, René Lacôté, Manuel Adalid, etc. Les grandes marques fabriquent également des guitares classiques adaptées à tous les budgets, des entrées de gammes à moins de 100 euros jusqu’aux modèles signés qui dépassent allègrement les milliers d’euros.
Pour bien choisir votre instrument, suivez ce guide d’achat de la guitare classique qui compile l’essentiel des conseils indispensables avant de vous lancer.
Le jazz en guitare, une musique cosmopolite et riche
Le frénétique jazz, appréhendé par les non-connaisseurs, serait-il réservé à une élite de musiciens extrêmement doués et un brin décalés ? Si vous avez vu le magnifique « Whiplash » de Damien Chazelle, peut-être éprouvez-vous encore quelques frissons au souvenir des doigts ensanglantés du batteur, rompu à un exercice toujours plus difficile par son éminent, mais terrifiant professeur ? En réalité, le jazz prend ses racines dans un climat de convivialité, d’échange et d’influence multiculturelle.
La musique jazz incorpore des instruments aux sonorités chaleureuses, dont les cuivres : trompette, saxophone, trombone et clarinette y ont la part belle aux côtés du piano. Mais les guitaristes ont su faire leurs preuves au sein de cet univers en tirant des intonations feutrées de leurs instruments. L’un des maîtres du genre, Sylvain Luc, impressionne par ses capacités extraordinaires d'improvisation et par son sens du rythme parfaitement maîtrisé :
Source YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=oUt2iBT5JUI
Les techniques spécifiques du jazz
Évoquée plus tôt, l’improvisation reste un pilier phare du jazz. Cette technique consiste à jouer une mélodie ou un rythme sans partition, en s’inspirant simplement de sa propre créativité. Pour que plusieurs musiciens puissent improviser ensemble, il faut bien sûr suivre certaines suites d’accords, et rester dans la tonalité choisie. Cet exercice difficile requiert une excellente oreille et une bonne connaissance de la musique jazz, notamment de ses accords complexes.
La rythmique en jazz diffère des conventions classiques. Elle utilise le swing. Au lieu de jouer deux croches de durée équivalente, la première est augmentée et la deuxième diminuée, ce qui donne une sensation de déséquilibre ou de rebond. Pour vous représenter le swing, comptez trois temps et jouez la première note sur les deux premiers temps, la deuxième note sur le troisième temps. Cependant, selon le style de jazz joué, la durée de la première croche et de la seconde peuvent légèrement changer, se rapprochant plus ou moins de la convention binaire.
Choisir une guitare pour jouer du jazz
Mythique instrument du jazz, relativement méconnue des autres guitaristes, la guitare archtop allie une caisse bombée, une esthétique souvent très aboutie, et un corps creux (hollow body) ou semi-plein (semi-hollow body). Ses cordes métalliques lui confèrent une sonorité pointue, avec un sustain très présent. La résonance profonde de la caisse permet à l’instrument de se faire entendre au sein d’un orchestre ou dans une salle sans amplification.
Les guitares manouches apportent également des sonorités intéressantes pour le jazz. Chevalet flottant, manche très fin et cordes métalliques supportent des rythmiques appuyées, tout en offrant la chaleur et le moelleux indispensables au jazz.
Le blues en guitare, un son rythmé et mélancolique
Avoir le blues, « to feel blue » en anglais fait référence à cette humeur maussade qui s’emparait de l’âme des esclaves africains dépêchés dans les colonies américaines du Mississippi. La musique qui en découle est chargée d’émotion, de mal-être, avec des thèmes abordés qui charrient la mélancolie et le mal du pays. De nombreux styles émergent du blues, qui a posé les bases du rock ‘n’ roll.
Longtemps considéré comme l’exclusivité des peuples noirs, le blues s’invite au répertoire d’artistes blancs à partir des années 1960. Stevie Ray Vaughan, Johnny Winter ou Éric Clapton mènent la transition en apportant au style afro-américain leur virtuosité. Plus récemment, Ben Harper et John Mayer prennent la relève pour faire vivre le blues à travers leurs compositions :
Source YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=20Ov0cDPZy8
Les techniques spécifiques du blues
La confusion entre les gammes mineures et majeures est savamment entretenue dans le blues, lui donnant une couleur immédiatement identifiable. Celles qu’on nomme les « notes bleues » correspondent à des notes jouées avec un abaissement ou rehaussement d’un demi-ton maximum. En sachant que la différence entre un accord fondamental majeur et un accord fondamental mineur tient seulement à un demi-ton sur la tierce (troisième note de la gamme), il est facile de comprendre comment le blues mélange les couleurs au sein de sa musique. L’effet produit apporte une tension auditive, propice à exprimer le désarroi ou la tristesse.
Un accessoire particulièrement utilisé dans le blues est appelé bottleneck, ou slide. Cet ustensile en métal (initialement, les musiciens utilisaient un goulot de bouteille en verre) permet de faire glisser le doigt sur les cordes pour produire un glissando et intégrer des quarts de tons impossibles à jouer directement sur les cases. Cette technique demande une grande précision, et ne s’adapte pas à tous les modèles de guitare.
Vous pouvez retrouver ici quelques conseils pour mieux appréhender la pratique du blues.
Choisir une guitare pour jouer du blues
Les guitares à demi-caisse pleine (semi-hollow body) sont plébiscitées par les joueurs de blues, qui apprécient la qualité de la sonorité plus que les possibilités techniques offertes par l’instrument. Elles représentent toutefois un budget plus important que les guitares électriques habituelles. Ces dernières conviennent également parfaitement au blues, à condition d’opter pour des réglages qui délivrent peu de saturation, afin de préserver la douceur du son initial et d’apporter une certaine distorsion.
La guitare lap-steel est un instrument particulier, qui se positionne à l’horizontale. Les doigts n’appuient pas sur les cordes, mais les effleurent simplement. La lap-steel se montre particulièrement adaptée à l’utilisation d’un bottleneck. Joni Mitchell interprète ici une de ces chansons avec ce modèle de guitare original :
Source YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=4fvxx8cIdn4
Le rock en guitare, un pilier vigoureux particulièrement hétéroclite
Son apparition remonte aux années 1950, en Amérique, sous la houlette du futur géant Elvis Presley. Le rock se développe ensuite à travers de nombreux sous-genres : rock psychédélique et folk rock des années 1960, glam rock et rock progressif des années 1970, punk rock puis rock alternatif dans les années 1980, grunge, rock indépendant, etc. La base d’un groupe de rock repose généralement sur une guitare soliste, une guitare rythmique, une basse, une batterie et un chanteur ou une chanteuse. Viennent s’y ajouter, selon les besoins et les influences, des synthétiseurs, cuivres, cordes, et plus récemment des extraits de MAO (musique assistée par ordinateur).
Avec la doctrine « sex, drugs and rock’n’roll », la musique rock a acquis une réputation sulfureuse, condamnant parfois ses vedettes à perdre le sens des réalités. Le fameux club des 27, qui regroupe des artistes décédés à l’âge de 27 ans, concentre d’ailleurs principalement des rockeurs : Jimi Hendrix, la chanteuse Janis Joplin, Brian Jones des Rolling Stones, Kurt Cobain de Nirvana, et récemment Amy Winehouse. Aujourd’hui, la rébellion véhiculée par le rock trouve volontiers son écho dans le rap.
Les techniques spécifiques du rock
Un morceau de rock se décompose en couplets et refrains, avec des solos instrumentaux et des ponts (ou bridges). Il respecte souvent une progression binaire en quatre temps par mesure, dont le premier et le troisième temps sont accentués.
Comme la pop, le rock apporte une attention particulière à la mélodie, mais les paroles des chansons y sont plus graves, plus recherchées. Les guitaristes accumulent les effets de saturation, overdrive et wah-wah pour produire un son toujours plus puissant et personnel. Bien qu’il existe des ballades rock très délicates, les morceaux concentrent le plus souvent une grande énergie, mélange d’indignation, d’exultation et de déception.
La technique du guitariste soliste joue pour beaucoup dans le succès d’un groupe de rock. Il doit pouvoir transmettre des émotions fortes tout en impressionnant le public par sa virtuosité et la musicalité du solo.
Choisir une guitare pour jouer du rock
À l’évidence, le rock requiert une guitare électrique même si certaines parties rythmiques ou mélodiques peuvent être assurées par une guitare acoustique. Pour un instrument maniable et polyvalent, qui supporte la saturation, tournez-vous de préférence vers une guitare à caisse pleine (solid body). Le choix de la guitare électrique conditionne en partie les sonorités obtenues, plus ou moins claquantes, avec plus ou moins de sustain. Mais il ne faut pas oublier que l’essentiel du son provient aussi du choix du système d’amplification et des effets retenus pour modifier la nature du signal.
Les parties acoustiques du rock, par exemple les concerts unplugged ou les sessions acoustiques, peuvent être exécutées avec une guitare folk, qui apporte plus de brillant et de résonance qu’une guitare classique.
Flamenco, métal, musique orientale ou médiévale : la guitare dans tous les univers
La seule limite aux styles interprétés par le guitariste réside dans sa propre imagination, et ses propres influences. La guitare se montre très polyvalente, notamment grâce à la panoplie d’effets qui peuvent lui être attribués. Elle s’intègre tout aussi bien dans un orchestre que dans un trio, et se suffit à elle-même pour l’interprétation ou l’accompagnement.
Cet instrument universel se retrouve sur tous les continents, sous diverses formes :
- shamisen au Japon
- bajo sexto au Mexique
- charango au Pérou
- kabosy à Madagascar
et bien d’autres encore. Le musicien possède le pouvoir de s’ouvrir au monde pour enrichir ses sonorités et faire vivre l’interculturalité à travers la musique.