Lydia a commencé le violon très jeune et a montré tout de suite un grand talent de musicienne et une véritable passion pour cet instrument à cordes. Aujourd’hui professeure de violon par le biais d’Allegro Musique, ainsi qu’auprès de particuliers, elle nous raconte son amour pour la musique et ce qui la motive dans l’enseignement, rencontre !
A quel âge avez-vous commencé le violon et quelle formation avez-vous suivi ?
J’ai commencé le violon très jeune, à tout juste 5 ans et cela faisait déjà deux ans que j’insistais auprès de mes parents pour apprendre à jouer du violon. Lorsque j’avais trois ans, mon père est rentré de Russie avec un violon qu’il a accroché au mur et le voir m’a tout de suite donné envie d’apprendre. Au début mes parents n’y ont pas trop réagi mais j’ai insisté chaque jour et ils ont fini par craquer. J’ai ensuite suivi une formation académique donc en conservatoire jusqu’à l’âge de dix-sept ans.
Pourquoi avoir arrêté à 17 ans ?
J’ai arrêté pendant un temps de prendre des cours de violon en conservatoire mais je n’ai pas arrêté de jouer pour autant. En fait, j’étais très douée très jeune et j’ai subi beaucoup de pression de mes parents qui avaient des projets pour moi et se sont un peu emballés. Donc ça m’a gâché mon plaisir dans un sens, je ne jouais plus pour la passion et le conservatoire me mettait également beaucoup de pression. L’apprentissage du violon a été un parcours rempli de joie entremêlée de souffrance, c’est pour cela que j’ai préféré tout arrêter, dès que j’ai été en âge de m’imposer.
Et finalement l’amour du violon a été plus fort …
Oui, j’ai repris des cours en conservatoire de musique à l’âge adulte et j’ai retrouvé le goût d’y aller et j’ai eu l’occasion depuis de faire des choses magiques comme le concerto de Bach pour deux violons en tant que soliste avec un orchestre mais aussi plein d’autres projets. Cette année, je prends à nouveau des cours en conservatoire parce que ça me semble tout à fait indispensable, même lorsqu’on enseigne soi-même, de se former en permanence pour donner le meilleur à nos élèves. Recevoir l’enseignement de différents professeurs, cela permet aussi d’apprendre différentes pédagogies donc c’est super.
Et vous, comment procédez-vous avec vos élèves ?
Je n’ai pas une pédagogie précise que j’applique à tout le monde, je pense que ce n’est pas une bonne approche. Chaque personne est différente et il faut pouvoir s’adapter et proposer quelque chose qui correspond aux besoins et aux attentes de chaque élève. Donc je m’adapte à leurs goûts, à leur caractère, à leur objectif final aussi parce qu’ils n’ont pas tous le même. J’ai très mal vécu la pression quand j’étais jeune et ça m’a dégoutée de l’apprentissage. Ce n’est pas quelque chose que je veux reproduire avec mes élèves. Mais tout ce que j’ai vécu en souffrance me permet justement d’avoir une approche différente durant mes cours et de faire mon maximum pour que ce soit plus simple et agréable pour mes élèves que ça ne l’a été pour moi. Je veux qu’ils conservent le plaisir de l’apprentissage et leur transmettre ma passion, en les accompagnant à être eux-mêmes et non à se plier à un apprentissage rigide. Dans mes cours, il n’y a pas de domination du prof de violon sur l’élève, j’essaie au contraire d’être à l’écoute, de me placer au même niveau pour rester accessible et qu’ils puissent me parler quand quelque chose leur tient à cœur.
Quel conseil leur donnez-vous pour débuter ?
Je leur dis de bien travailler régulièrement, au moins quinze minutes par jour et surtout de bien s’entrainer sur les jours qui suivent notre cours, parce que c’est dans les jours qui suivent que l’on tient bien toutes les informations. Après, comme tout le monde, on oublie un peu et on est moins productif. Je leur conseille aussi toujours de travailler une chose à la fois, mais correctement et sans s’acharner non plus. Par exemple, la position est difficile à trouver et j’estime qu’elle vient au fur et à mesure et qu’il n’y a pas besoin de rester buté dessus, au risque de décourager les violonistes débutants et débutantes.
Que représente la musique et plus particulièrement le violon pour vous ?
Un violon pour moi c’est un compagnon de vie avec lequel on partage des moments incroyables. Des échanges avec d’autres musiciens, avec le public mais avec soi-même aussi. C’est beaucoup d’amour que l’on donne aux autres lorsque l’on joue un morceau. Mais ce qui est puissant c’est aussi à quel point le violon permet d’exprimer toutes les émotions, aussi bien les choses dures que la joie, même une énergie, c’est un instrument complet. On fait pleurer son violon comme on le fait chanter. Quand j’étais enfant, j’étais très émotive et comme pour beaucoup d’enfants, on ne me laissait pas forcément exprimer mes émotions et elles débordaient sans cesse. Le violon m’a permis de les exprimer à travers la musique et d’apprendre à les canaliser.
Comment avez-vous choisi votre instrument ?
J’ai le même violon depuis que j’ai quinze ans, c’est celui que mes parents m’ont offert. C’est une vraie histoire que je partage avec lui, il s’agit d’un Flambay de 1818, un vieux violon. Je pense que j’aurais bien du mal à m’en séparer si je devais en acheter un autre. Il représente tellement de choses pour moi, de la joie, des sacrifices, des réussites mais des échecs aussi. Il y a une âme dans chaque violon et celle du mien est liée à la mienne, il y a un échange d’amour, c’est comme si elles vibraient ensemble lorsque je joue. Ce n’est pas toujours possible d’avoir son propre instrument mais il est possible de débuter le violon avec un instrument de location. Sinon je pense qu’il faut compter 1500€ pour l’achat d’un violon correct, il faut pouvoir débuter avec un instrument au son agréable sinon on se démotive vite. A fortiori si on débute le violon à l’âge adulte, on aime mieux débuter sur un instrument de qualité.
Justement, peut-on vraiment débuter le violon adulte ?
Je pense qu’on peut commencer à tout âge s’il y a réellement de la motivation et la maturité mais tout dépend aussi de l’objectif, vous ne serez pas un violoniste de carrière en débutant à 60 ans. Mais vous pouvez prendre plaisir et vous amuser ! J’avais un élève de 75 ans qui a débuté avec moi et il s’en sortait très bien. En revanche, il faut une certaine forme physique parce que la position du violon n’est pas toujours facile. On a donné une image trop dure à cet instrument en prétextant qu’il fallait commencer très jeune mais finalement c’est comme tout, on peut apprendre à n’importe quel âge quelque chose nouveau tant qu’on bénéficie d’une pédagogie bienveillante et adaptée à notre fonctionnement.
Comment enseignez-vous le solfège ?
Je l’intègre à mes cours, ce n’est pas si difficile qu’on le dit et c’est surtout indispensable pour comprendre le langage musical d’en apprendre les bases. C’est un peu comme une langue étrangère dont il faut apprendre chaque mot pour la comprendre au fur et à mesure. En général, je propose à mes élèves l’achat d’un cahier de solfège sur lequel on travaille ainsi que des partitions vierges. Au niveau rythmique, il y a différentes méthodes mais quoiqu’il en soit il vaut mieux tout faire en même temps que de séparer le solfège de la pratique.
Est-ce que vous êtes prof de violon à temps plein et qu’est-ce que ce métier vous apporte ?
Non, j’ai plusieurs activités professionnelles dont le coaching que je peux concilier avec mon métier de professeur de violon. Mon expérience de coach m’aide à motiver mes élèves, à les comprendre pour mieux m’adapter à leurs besoins et leur proposer quelque chose de personnalisé aussi. J’aime transmettre ma passion évidemment, mais j’aime aussi tout ce qu’implique l’enseignement avec une pédagogie positive, l’analyse de l’humain, de son langage personnel pour transmettre correctement. D’une personne à une autre, un même mot ou regard peut avoir un impact totalement différent. J’aime devoir m’adapter et transmettre différemment d’une personne à l’autre. J’ai quitté le conservatoire parce que c’était trop rigide pour moi, quand on est créatif ça peut être particulièrement étouffant de suivre un circuit trop fermé. J’aime donc apprendre à connaitre l’élève, à comprendre ses besoins, trouver ce qui le fait vibrer pour le mettre à l’aise et l’aider à progresser en le gardant motivé.
Quels sont selon vous les bénéfices de passer par Allegro Musique ?
En conservatoire, il y a beaucoup de projets mais ils sont obligatoires alors que le positif avec AM c’est que c’est assez ouvert d’esprit, il y a des projets comme Allegro Musique Awards mais sans pression, ce qui permet aux élèves désireux d’y participer sans forcer les autres qui ne se sentiraient pas forcément à l’aise avec l’expérience. Toutes les obligations en conservatoire peuvent être angoissantes tandis qu’avec Allegro Musique il y a une certaine liberté d’action, ne serait-ce qu’avec les trois mois d’essai avant engagement. On s’aperçoit parfois en essayant que le violon ou tout autre instrument n’est pas fait pour nous, le principe des coupons de cours et de la période d’essai permet de se faire une idée sans s’engager à l’année.
Avec quel artiste aimeriez-vous jouer si vous en aviez l’occasion ?
Prochainement, je vais jouer avec l’orchestre de Cannes, j’ai hâte ! J’aurais grand plaisir à jouer avec Jean-Jacques Kantorow qui est violoniste et chef d’orchestre. J’ai eu la chance de le voir en concert et c’est incroyable. J’ai aussi beaucoup d’admiration pour Anne-Sophie Mutter qui est très connue. Mais, je suis ouverte à tout style de musique, je trouve que ce sont toujours des moments de partage formidables quand on peut jouer avec d’autres artistes, peu importe lesquels. J’aime jouer dans un orchestre parce que je trouve l’expérience puissante, jouer seul c’est un peu plus triste. Jouer dans un orchestre c’est un peu la finalité de l’instrument, et même sans vouloir en faire son métier et peu importe l’instrument, jouer en groupe apporte quelque chose de plus.
Quel est votre meilleur souvenir avec le violon ?
J’en ai plein ! Jouer en orchestre, être cheffe de pupitre et premier violon solo dans l’orchestre de ma commune. En fait, j’aime que l’on me fasse confiance et que l’on me propose des projets. Avoir une partie rien qu’à moi c’est une grosse responsabilité et je suis honorée qu’on m’accorde cette confiance. Par rapport à mon parcours chaotique, je suis heureuse d’avoir rebondi et rencontré des gens extraordinaires qui m’ont permise de faire des choses magnifiques. C’est quelque part la preuve qu’il y a toutes sortes de parcours différents et qu’ils sont tout aussi honorables les uns que les autres.
Avez-vous un morceau fétiche ?
Non je ne crois pas, en réalité j’aime bien improviser. Par moment, je prends mon violon et je laisse mon esprit et mes émotions faire ce qu’ils veulent. Il y a sinon une petite musique irlandise que j’aime beaucoup et qui semble difficile mais qui en fait est très simple à apprendre, même les débutants peuvent apprendre à la jouer sans difficulté. Sinon, mon compositeur préféré est sans conteste Beethoven. Jouer un concerto de Beethoven fait partie de mes projets de rêve.
Quel est le meilleur conseil que vous puissiez donner à quelqu’un qui veut apprendre le violon et n’ose pas se lancer ?
Il faut vivre ses rêves ! Si c’est un rêve, il faut le faire. On peut faire à tout âge, à son niveau, avec le temps qu’il faut, sans se fermer aucune porte. Je pense que dans la vie, on se ferme beaucoup de portes soi-même et il faut au contraire faire en sorte de n’avoir aucun regret. C’est ma devise : on ose et après on voit. Tant qu’on n’a pas essayé, impossible de savoir si on est capable. D’autant plus que le violon a été mis sur un piédestal comme si seuls des virtuoses pouvait apprendre, on le prétend instrument difficile et c’est cela qui freine les gens. Aujourd’hui tout est possible, on peut passer par différents chemins, alors lancez-vous ! Par ailleurs, apprendre le violon développe de nombreuses compétences ! La rigueur, la mémorisation, la concentration, et bien d’autres !
Avez-vous déjà préparé des élèves pour les AMA ?
Non, pas encore mais j’adorerai ! Après on ne peut pas travailler à la place des gens et je pense encore une fois qu’il ne faut pas mettre de pression aux élèves, il faut être à l’écoute aussi de leurs obligations quotidiennes, de leurs craintes, et ne pas forcer les choses. Je ne veux pas faire passer mes propres envies avant celles des élèves, un prof de musique se doit de faire preuve d’humilité et permettre à son élève de prendre du plaisir avant tout. Mais s’ils souhaitent participer, je serai heureuse de les y accompagner !
Un dernier mot pour la route ?
Ne poussons pas les enfants à suivre nos propres envies en tant que parents et laissons-les suivre leur voie. Laissons les enfants aller à leur rythme pour apprendre, ne leur imposons pas nos choix de parcours, laissons-les être qui ils veulent. S’ils ont besoin de faire une pause, ce n’est pas grave parce que rien n’est jamais perdu, ils peuvent reprendre des cours plus tard. Il n’y a pas de finalité quand on aime ça, j’ai moi-même arrêté les cours sans jamais arrêter de jouer. Simplement parce que j’avais besoin de retrouver le violon comme un moment de plaisir et de ne plus être parasité par l’égo d’un parent ou d’un prof qui voyait en moi plus que ce que je ne voulais moi-même. La musique doit rester une passion !